Sans eux le foot ne serait pas le même. Sans eux, il n’aurait probablement pas de cœur identitaire. Sans eux les matchs n’auraient pas la même ambiance, la même couleur et les mêmes souvenirs.
Qu’est-ce qu’un ou une Ultra ? Selon la presse à racolage, ce ne sont que des agitateurs qui ternissent l’image du football et détruisent les cités qu’ils traversent après chaque rencontre. La réalité ? Les Ultras sont l’âme du foot, la vie des équipes quelque soit leur classement. Inutile de les chercher en masse dans les gradins de la Première Ligue. Sauf si leur équipe arrive dans les hautes sphères de ce sport en gardant ses valeurs, ces supporters de tous les instants sont les plus fidèles qu’un club puisse connaître.

Par tous les temps et tous les scores, les Ultras forment un monstre vivant de chants et de chorégraphies à travers le monde, mais toujours sous une seule bannière. De l’extérieur, ils ont mauvaise réputation. Alors que dans leurs rangs ils vivent selon des codes précis comme la sous-culture qu’ils sont et représentent. Vous les connaissez. Ce sont ceux qui passent des mois à coudre des banderoles et des drapeaux gigantesques. Ce sont ceux qui entonnent à l’unisson dans les stades, dont parfois les autorités leur en refusent l’accès. Rien ne peut être plus important que leur ferveur de supporter, pas même un mariage, un anniversaire, un enterrement, un job. Toute leur énergie et leur amour sont concentrés sur leur équipe. Ils naissent, grandissent et meurent dans les gradins, dans les bars sportifs à l’effigie de leur club favori.

De l’Italie, berceau du mouvement à l’Angleterre et ses Hooligans en passant par l’Indonésie ou encore l’Argentine, la culture Ultras ne faiblit pas. Au contraire, elle se renforce encore et toujours. Symbole de résistance, d’unité et d’espoir, les nations comme le Maroc engage plus loin leur Ultras comme dans les manifestations du Printemps Arabe.
Bien que le mouvement ne se voulait pas politique au départ, la force de la répression, la profondeur de la précarité et les lois qui tentent de museler et de stopper ces passionnés du ballon rond creusent chaque jour davantage le fossé entre le simple encouragement des débuts et la rage de vivre d’aujourd’hui.

Ce documentaire donne une définition basique des Ultras. Il fallait bien commencer quelque part. Presque simpliste par moment, grave de sens et lourd de conséquence par d’autres. De l’Argentine en Indonésie, du Maroc à la Pologne et finalement en Angleterre, la réalisatrice a effectué un tour du monde du mouvement histoire afin d’avoir un panel large et représentatif de cette culture alternative. En Argentine, où être Ultras est synonyme de famille et d’identité sociale, au Maroc où ils sont interdits et risquent leur vie à chaque match, en Angleterre où le Hooliganisme est plus souvent sur les lèvres qu’un autre terme et pour finir en Pologne où la notion d’apolitisme perd grandement de sa valeur initiale.

Bienvenu dans un monde de engagement, de passion et d’amour pour le ballon rond comme jamais vous ne l’auriez imaginé. De l’extérieur, pour les supporters occasionnels, les Ultras paraissent comme des bêtes féroces au bord du débordement comportemental. Un exemple à ne pas suivre en dehors de leurs fameuses banderoles, les Tifos, et de leurs chants joyeux et sans concessions. Rassurez-vous pourtant, les Ultras ne veulent du mal à personne en dehors des Ultras de l’équipe adverse bien entendu. Même si leur image transporte un visage de créature mythique, ils ne restent pas moins humains.

Réal. : Ragnhild Ekner


