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samedi, avril 20, 2024
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« La fille inconnue » : fable sur la culpabilité

Avec leur nouveau film, La fille inconnue, Jean-Pierre et Luc Dardenne, nous montrent combien une décision semblant anodine peut être lourde de conséquences au point de faire basculer les priorités et les perspectives de la vie d’une personne.



Jenny Davin, jeune médecin remplaçante dans un quartier populaire de la banlieue de Liège, termine une longue journée de travail, avec son stagiaire en formation avec elle. Sur le point de quitter le cabinet, elle interdit à son stagiaire d’aller ouvrir lorsque quelqu’un sonne à la porte, une heure après la fermeture. Mais le lendemain lorsque la police lui apprend qu’une jeune inconnue a été retrouvée assassinée et que lors du visionnage de la vidéo-surveillance de l’entrée du cabinet, il s’avère que c’est la personne à laquelle elle n’a pas ouvert la porte la veille, Jenny Davin est prise de remords au point de se transformer en enquêtrice afin de donner un nom à cette victime, pour qu’elle ne soit pas enterrée anonymement.

Le propos de départ de « La fille inconnue » a de quoi attiser notre curiosité car il s’avère qu’il pose simplement la question de nos actes et leurs effets. Quand bien même il nous semble parfois qu’ils n’auront pas d’impact tellement ils sont pour nous, totalement inoffensifs, la réalité peut souvent en être tout autrement. Une idée de départ intéressante, un duo de réalisateurs qui sont connus pour leur humanité, certes pas toujours très gaie mais qui touche au plus près la réalité sans artifices ou sans donner dans la surenchère et au final cette fille inconnue vaut-elle la peine d’être…connue ?

Le premier constat c’est le rythme lent, lourd, une absence totale d’effets, une absence de musique ou d’un récit multidimensionnel. Ici, le personnage de Jenny Davin est de tous les plans mais ce n’est pas pour autant que nous connaitrons quoique ce soit de sa vie «hors champ », elle vit pour son travail et désormais pour cette enquête, rien d’autre. En ajoutant à ceci un manque total d’humour ou de détachement vis-à-vis de cette investigation obsessionnelle, nous nous retrouvons assez rapidement asphyxiés par cette histoire car quand bien même elle est touchante, finit par tourner en rond, avec quelques passages à vide ceci en raison de cette linéarité. Comme à aucun moment, nous n’avons d’autres points de vue que celui de la jeune femme médecin, qu’une grande partie de toute le film nous emmène sur ses pas tandis qu’elle questionne patients et autres personnes pour réussir à trouver l’identité de cette fille inconnue, nous finissons par nous lasser et nous désintéresser de son sort.

C’est là tout le paradoxe de ce long-métrage, sa très grande sobriété qui colle pourtant très bien au thème développé et qui devrait dès lors être un énorme atout, finit devenir un lourd fardeau. Le caractère unidimensionnel finit même par enlever du mérite au personnage de Jenny Davin, pourtant extrêmement bien interprété par Adèle Haenel car à force de le voir sur tous les plans, avec cette expression constante de celle qui porte le poids du monde sur ses épaules, la lassitude n’est jamais loin.


Cette fable sur la culpabilité finit ainsi par ressembler plus à un documentaire ou un reportage mais le problème vient justement du fait qu’on attend plus d’un film qu’un simple reportage. Pourtant, ce ne sont pas les idées qui manqueraient pour développer cette thématique universelle et dans laquelle tout un chacun peut se retrouver à un moment ou à un autre et à laquelle on aurait pu aisément s’identifier. En l’état, nous resterons passablement sur notre faim et même si nous sommes parfois touchés par certaines scènes, le tout reste trop régulier pour que nous ressentions la même obsession que Jenny à retrouver l’identité de cette fille inconnue.

Le duo de réalisateur belges poursuit inlassablement son chemin en proposant ce cinéma social, dur, sans concessions, sans une touche de légèreté (on n’est pas là pour rigoler !), toujours irréprochable sur le fond mais dont la très grande austérité finit par détériorer la forme.

La fille inconnue
Réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne
Avec : Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Louka Minnella, Christèle Cornil, Jéremie Rénier
Distribué par Impuls
Durée : 102 minutes

 

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