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samedi, avril 20, 2024
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Apprentice : Face à face avec le film « coup de poing » de Cannes

Stefano Christen
Stefano Christenhttps://www.instagram.com/stefanochristen/
Féru de cinéma, de poésie et d’art, Stefano Christen voit la critique comme un terrain de jeu où l’on ne garde pas sa langue dans sa poche. Non, on la sort toutes les cinq minutes, pour se remettre à l’heure.

Salué à Cannes comme « un film coup de poing », récemment récompensé par le Grand Prix du Festival de Films Internationaux de Fribourg, « Apprentice » nous entraîne dans les boyaux des prisons singapouriennes ; on s’enfonce dans l’obscurité des couloirs, et au bout… on fait face à la mort par pendaison. Car c’est une réalité, à Singapour, certains actes (le meurtre bien sûr, mais aussi la possession illégale d’armes à feu et le trafic de drogue) peuvent être sanctionnés par la peine capitale.


Face à nous, un homme, le visage lisse, les yeux sombres. Ils nouent une corde ─ froidement. Il prépare son appareil de mort, mais aussi de justice. C’est la façade que nous montre le film, l’image qui fait écran sur la couverture du DVD. On est saisi, empoigné… Sur le papier, le film en a dans le bide. Seulement voilà, le cinéma c’est aussi et avant tout de la pellicule.

Dans Apprentice, les dédales du monde carcéral s’ouvrent à nous grâce à la main décidée du personnage principal, Aiman. Récemment engagé comme gardien de prison, il ne tarde pas à grimper dans la hiérarchie, et se liant d’amitié avec le bourreau, il devient son assistant. Se noue alors, autour du spectateur, l’effrayant nœud du quotidien d’un bourreau et de son assistant qui font craquer les nuques pour casser leur croûte. En contre-point, dans les non-dits, on comprend les tiraillements des deux justiciers, les conflits intérieurs qui se gravent dans leur tête…

 Mais tout cela n’est pas fait avec assez d’insistance. Très vite le nœud se desserre, on respire trop. Des détails inutiles boxent notre esprit, l’exaspérant vide psychologique  d’Aiman adresse au plus vaillant des spectateurs ─ le poing final.

On s’attendait à plonger vertigineusement dans la noirceur de l’âme humaine… A fuir du regard ─ mais à fixer quand même ─ les vices les plus terribles. On pense par exemple à la façon dont un Von Trier va nous noyer dans ses films, dont on ne sort jamais indemne ; mais dont l’absence de lumière, accoutume aussi l’oeil à révéler avec plus d’intensité les détails lumineux dont sont fait la condition humaine et sa fragilité.

Il y a un peu de ça dans Apprentice de Junfeng Boo, du moins on aurait pu le croire, en façade. Car le sourire malsain est vide, l’obscurité des yeux, fausse. Le film « coup de poing » m’a mis K.O.

A terre, je ressors du film comme d’un black out.

  • Apprentice
  • De Junfeng Boo
  • Avec Mastura Ahmad, Wan Hanafisu, Firdaus Rahman
  • Akanga Film Productions
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