Plus de 50 ans après le chef d’œuvre de 1968, « L’Etrangleur de Boston », une nouvelle version sort sur « Disney+ ». Centrée sur 2 journalistes persévérantes, il se remarque qu’elles sont les oubliées de cette affaire. Comme expliqué entre autres, durant l’intéressante conférence de presse suivie.
Bienvenu-e-s à la table ronde de « L’Etrangleur de Boston ». Je suis Joyce Kulhawik, Présidente de la Boston Theater Critics Association et je connais bien cette ville. Ce film a donc aussi une signification particulière pour moi. Et voici Keira Knightley, Carrie Coon, Chris Cooper, Alessandro Nivola et Matt Ruskin, le scénariste-réalisateur.
Matt, que saviez-vous de l’étrangleur de Boston et quel fut votre attrait dans ce projet ?
Matt Ruskin: J’ai grandi à Boston et en ai souvent entendu parler. Il y a plusieurs années, j’ai commencé à lire tout ce que je pouvais et ai découvert ces assassinats, leurs rebondissements et surtout, ces 2 journalistes Loretta McLaughlin et Jean Cole. J’ai lu qu’elles étaient les premières à avoir relié les meurtres et trouvé le nom de l’étrangleur de Boston. Là, j’ai senti qu’il était temps de revenir sur leurs implications.
Oui, c’est le cas pour beaucoup trop de femmes historiquement. Carrie, qu’en pensez-vous ?
Carrie Coon : Cela m’a choquée que ces 2 femmes aient joué un rôle si important dans cette affaire, mais que leurs noms ne soient presque jamais mentionnés. D’ailleurs, la façon dont elles sont devenues journalistes, reste très convaincante et émouvante.
Matt, comment avez-vous procédé pour obtenir les informations dans vos recherches ?
M. R. : J’ai été séduit par les histoires de Loretta et Jean, mais il y avait peu d’informations disponibles à leur sujet. J’ai lu la nécrologie de Jean Cole qui mentionnait ses 2 filles. Je les ai cherchées et trouvé le profil « Facebook » de l’une des deux. Sur sa photo, elle était avec une de mes amies. Je l’ai alors appelée et appris que sa mère connaissait Jean. Elle m’a présenté et plus j’en apprenais sur leurs mamans, plus j’ai commencé à les admirer et à vouloir raconter leur histoire.
Chris, vous êtes le Rédacteur en chef du « Boston American ». Comment avez-vous abordé ce rôle ?
Chris Cooper : J’ai eu la chance de côtoyer Eileen McNamara, une journaliste lauréate du prix « Pulitzer » qui a travaillé au « Boston Globe » dans les années 70-80. Loretta était un mentor pour Eileen et cette dernière m’a dirigé vers ce dont j’avais besoin. Soit, des sources d’inspiration afin que je m’imprègne mieux de la hiérarchie, politique et terminologie journalistique des années 60.
Alessandro, qui est le « Détective Conley » que vous jouez et quelle est sa relation avec « Loretta » ?
Alessandro Nivola : C’est un personnage énervé et nerveux parce que la police de Boston n’a pas de techniques médico-légales modernes, ne s’est pas assez vite intéressée aux assassinats et n’arrive pas à les relier. Je pense qu’il contacte « Loretta » parce qu’il a senti qu’elle était aussi obsédée par cette situation. Également, parce qu’il est désespéré et ne sait plus comment avancer pour trouver le tueur. A l’époque, un tel échange était avant-gardiste.
A présent, les questions des journalistes avec la 1ère pour Keira. « Loretta » était entre autres, très persévérante. Qu’admirez-vous d’autres en elle et en quoi sa vie vous a-t-elle inspirée ?
K. K. : Je pense que ma réponse est dans la question, sa ténacité. J’ai parlé à plusieurs femmes qui ont vu le film et l’ont trouvé « cathartique ». Ce mot est souvent revenu et je trouve ça fascinant. Je pense aussi l’avoir vécu en lisant le scénario. Vous savez, elle s’est heurtée à tellement d’obstacles… La domination des hommes dans son travail, essayer de combiner sa vie privée et professionnelle tout en enquêtant sur l’ « Etrangleur ». C’était compliqué, intense et je pense que beaucoup de femmes le vivent aussi.
Chris, quel est votre attrait dans un projet et que recherchez-vous dans vos rôles ?
C. C. : Comme souvent dit, les films qui m’intéressent dans l’industrie cinématographique, sont ceux qui restent humains. « L’Etrangleur de Boston » est ce que j’appelle, un bon vieux film car Matt fait aussi ressortir son côté plus sombre. Il a créé à travers ses caméras, une lenteur que j’apprécie toujours. Soit, une forte tension au travers des caméras qui parcourent les couloirs et montrent sous de très bons angles, les comédiennes qui jouent.
Keira et Carrie, quels sont vos souvenirs communs préférés pendant ce tournage ?
K. K. : Je me suis sentie très chanceuse de tourner avec Carrie, parce que nous sommes toutes les 2 mamans. C’est agréable d’arriver sur un plateau et de voir dans les yeux d’une autre maman, que le vécu est identique. Nous nous regardions en voyant qu’on passait de courtes nuits pour nos enfants et en sentant qu’on veillait l’une sur l’autre (rires).
C. C. : Je pense que si nous avions accepté ces rôles il y a 7 ans, nous aurions appris la sténographie. Mais maintenant que nous avons des enfants, nous ne nous préparons plus autant. Nous espérons juste qu’ils soient bien écrits et nous nous appuyons davantage sur son histoire.
K. K. : Mon meilleur souvenir fut la dactylographie. Au moment où on tournait la scène et que j’étais censé en faire, j’ai réalisé que j’avais oublié le procédé. J’ai regardé Carrie qui était à côté de moi et lui ai dit que je ne savais plus comment faire. Elle m’a répondu en riant que c’est parce que mes 2 jeunes enfants me prenait tout mon temps. Je lui ai répondu en rigolant qu’elle a raison.
Pour terminer, une question d’un journaliste de Boston. Comment vous êtes-vous préparé-e-s pour les accents bostonnais ?
A. N. : Ayant grandi à Boston, sans accent particulier et connaissant beaucoup de gens dans cette ville qui n’en ont pas, il était important de ne pas emprunter cette voie si cela me semblait inutile.
K. K. : Mais, une grande partie d’entre nous voulions quand même essayer. Nous avions même supplié Matt à plusieurs reprises (rires). Mais il n’a pas lâché l’affaire car nous n’étions pas natifs-ives de Boston.
M. R. : Une des raisons pour lesquelles je voulais tourner le film à Boston, était de pouvoir faire venir beaucoup de talents locaux. Il y a un monde et une scène théâtrale extraordinaires et de nombreux acteurs talentueux. C’était donc formidable de les voir et de permettre à certaines personnes de parler avec leurs magnifiques accents bostonnais. J’ajouterais que dans ce cas-là, ce n’est pas tant une question de classe sociale que de différences générationnelles. Les parents de Loretta sont venus d’Irlande et ils ont fait leur maximum pour s’intégrer.
A. N. : Il y a autre chose… Comment s’appelait-il déjà… ? Vous vous en rappeler ?… C’était il y a plus de 10 ans déjà, un autre cas célèbre à Boston. Un type qui traquait les femmes…
Joyce Kulhawik: Oh ! Je pense que c’était Craigslist, ou quelque chose comme ça.
A. N. : Le « Craigslist tueur » (Philip Markoff), voilà ! En fait, j’avais découvert les rapports de l’époque avec l’interrogatoire de 2 heures de ce type. C’était fascinant et c’était la 1ère fois que j’écoutais un véritable interrogatoire policier. C’était brillant la façon dont ils avaient mis Philip à l’aise. Puis, l’approche a changée et ils l’ont vraiment déstabilisé au fur et à mesure de l’interrogatoire.
Notre conférence de presse prend donc fin. Merci pour votre participation et n’oubliez pas cher public, « L’Etrangleur de Boston » sera visible dès le 17 mars 2023 sur « Disney + ».