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vendredi, avril 19, 2024
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« Crimson Peak » : même pas peur !

Crimson Peak de Guillermo del Toro

Avec « L’Échine du Diable » (2002) et encore plus avec « Le Labyrinthe de Pan » (2006), Guillermo del Toro avait su conjuguer des drames familiaux – se jouant à chaque fois dans des contextes historiques marquants – au temps du fantastique. Salvateur pour le genre, son geste forçait les réfractaires aux contes horrifiques à reconnaître ici leur légitimité. Après son gargantuesque « Pacific Rim » (2013), nous nous réjouissions donc de retrouver le réalisateur mexicain aux commandes d’un film dramatique sur fond d’intrigue fantastique. Car telle est l’essence de ce « Crimson Peak », qui met en scène un drame amoureux, celui d’Edith Cushing, sur le mode de conte gothique fantastique, la jeune femme possédant le don de communiquer avec les morts.

Crimson Peak de Guillermo del Toro

Malheureusement, del Toro ne parvient pas à renouer avec ce fameux mélange de genres qui faisait la grandeur des films précités. En effet, au sortir de la projection de « Crimson Peak », on n’arrive pas à trouver le sens et la pertinence des éléments fantastiques parfois bêtement plaqués sur un drame qui, par conséquent, peine à exister. Alors que le réalisateur s’est évertué à répéter qu’il ne s’agissait pas d’un film d’horreur lors de la campagne de promotion, on constate qu’il n’hésite pas à user de ressorts faciles (le film compte quelques jump scares pour le moins dispensables) et typiques des moins bons films du genre. Difficile également d’adhérer à cette manière d’expliciter le propos du film par une mise en abyme grossière : dès les premières minutes, Edith, qui tente de publier son premier roman, répète à plusieurs reprises que son livre n’est pas « une histoire de fantômes » mais que ces derniers représentent une métaphore. Allons Guillermo, n’existe-t-il donc pas des manières plus subtiles de faire passer une note d’intention aux spectateurs ?

Crimson Peak de Guillermo del Toro

Le constat est d’autant plus regrettable que le film bénéficie d’une remarquable identité visuelle ; les décors et les costumes sont de toute beauté et donnent une idée de ce à quoi pourrait ressembler le cinéma de Tim Burton aujourd’hui si celui-ci n’avait pas égaré son talent et son esprit subversif au milieu de la décennie passée. Le plaisir que del Toro a pris en tournant le film se ressent effectivement à de nombreuses reprises. Un enthousiasme qu’il semble parfois avoir eu du mal à contenir, en témoigne la quasi inutilité des fantômes dans l’évolution du récit.

Un résultat en demi-teinte donc, qui plaira aux amoureux du cinéma de Mario Bava ou des récits de Mary Shelley et de Edgar Allan Poe pour son atmosphère et son production design. Pour le scénario, on repassera.

CRIMSON PEAK
De Guillermo del Toro
Avec Mia Wasikowska, Tom Hiddleston, Jessica Chastain
Universal Pictures International Switzerland
14.10.2015 au cinéma


Crimson Peak – Trailer VOSTFR par TheDailyMovies

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