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mardi, avril 23, 2024
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« EO » rend hommage et honore les ânes

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Multitâche, le réalisateur et metteur en scène Jerzy Skolimowski prit son temps avant de tourner son récent long-métrage. Avec « EO », il s’est permis de créer un film vraiment porté par les émotions. Pour se faire et en tête d’affiche, un très bel et fougueux équidé nommé « EO ».


Quelque part en Pologne, non seulement l’un des derniers cirques animaliers fait faillite malgré son personnel qui essayait de remonter la pente, mais en prime, tous les animaux sont confisqués de leur propriétaire. Pour Kasandra, voir son EO partir si vite et brutalement est un déchirement. Et tout autant pour lui. Tant et si bien qu’il décide de… s’évader, de vadrouiller. A partir de là, il va faire beaucoup de rencontres auprès des bipèdes. Parfois de bonnes personnes, parfois catastrophiques ou pire… S’il ne perdra jamais son innocence, ce magnifique âne aux yeux empli de tristesse, devra affronter les affres et bêtises des humains. Lui aussi traversera et sera traversé par différentes émotions, toutes plus belles les unes des autres. EO un jour, EO toujours !

Presque 1 an après son succès surprise et son « Prix du Jury » remporté au « festival de Cannes 2022 », « EO » sort finalement dans les salles obscures romandes. Bien loin des grosses productions occidentales comme « Avatar : La Voie de l’eau », ce long-métrage fait voyager les spectateur-trices dès les premières images.

En l’occurrence, ceci grâce à Tako, Hola, Marietta, Ettore, Rocco et Mela qui sont les 6 ânes et ânesses à incarner « EO ». Un titre de film original car il provient du cri des ânes en Polonais, soit « eehhyy oohh ».

Alors que le « hi-han » est davantage reconnu au sein des régions francophones, au final, cette onomatopée différente, importe peu. Car Tako (et les autres), l’âne qui tourna le plus dans le cadre de la fiction, démontre d’incroyables et d’honnêtes capacités émotionnelles.

Progressivement donc, plusieurs sentiments furent montrés et filmés au sein d’ « EO ». Ainsi, la douceur et le respect s’en dégagèrent souvent. Mais la peur et la douleur ne s’oublièrent pas dans le cadre de l’histoire.

Car « EO » d’une certaine manière et selon les situations comme le public pourra le percevoir, souffre. Néanmoins et grâce à son jeu d’ « acteur », aux caméras et prises de vues, la poésie et la magie du cinéma sont présents tout au long de ses découvertes.

Si les animaux restent au cœur de cette fiction et les bipèdes relayés au second plan, ces derniers se remarquent selon leur rôle et importance. Ainsi, « Kasandra » jouée par la comédienne Polonaise Sandra Drzymalska (« Sole »), changera d’une certaine manière et surtout involontairement, la vie d’ « EO ».

Outre sa participation, un fait étonnant s’avère être l’implication de la comédienne Française Isabelle Huppert (« Frankie »). Car non seulement elle s’exprime dans une langue différente de celle de Molière, mais en plus son lien indirect avec « EO » demeure inattendu et singulier.

Au travers des rencontres du très bel et noble âne, d’autres personnages parfois décalés, révoltants ou compatissants ne manquèrent pas à leur manière, d’être touchés et/ou impactés par la présence de l’équidé.

Tous ces éléments, et d’autres encore, forment une réalisation intelligente et écrite par une fidèle collaboratrice de Jerzy Skolimowski, Ewa Piaskowska (« Essential Killing »), et ce dernier. Une 3ème association qui confirme donc leur bonne entente et des décisions, souvent prises naturellement, communément et judicieusement.

Parce que cette fiction reste avant tout dramatique, voire cruelle, elle ne s’adresse nullement aux enfants. Certes, le public pourra voyager au même rythme qu’ « EO », mais certaines scènes ne seront pas appréciées par les personnes sensibles.

Si l’intention du cinéaste Jerzy Skolimowski n’était pas forcément d’interpeller les spectateurs-trices par rapport à l’avenir des ânes-ses, la remise en question quant à notre cohabitation avec eux-elles se pose.

Au niveau du plan final dudit long-métrage, s’il reste relativement empli de mystères, il ne faut pas forcément s’attendre à un repos mérité de l’âne héroïque et courageux. Car ce moment laisse réellement penser que tout est possible…

EO
PL, IT – 2022 – 86min – Drame 
Réalisateur:Jerzy Skolimowski 
Acteur:Sandra Drzymalska, Isabelle Huppert, Lorenzo Zurzolo, Mateusz Kosciukiewicz, Tomasz Organek, Lolita Chammah, Agata Sasinowska, Anna Rokita, Michal Przybyslawski, Gloria Iradukunda 
Frenetic Films
01.02.2023 au cinéma

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