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samedi, avril 20, 2024
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« La femme et le TGV » nous oublie sur le quai

La nomination d’un court-métrage suisse aux Oscars 2017 avait de quoi nous réjouir. Autant dire que la déception lors de la découverte du film fut à la mesure de l’attente que son joli parcours étasunien avait générée. Ceci dit, il n’est pas étonnant l’institution sclérosée qu’est l’Académie des Oscars l’ait apprécié…


Elise, boulangère dans un village suisse, a sa petite habitude qui consiste à saluer chaque jour avec un drapeau le TGV qui passe sous la fenêtre de sa petite maison de campagne. Un jour, le conducteur du train lui jette une lettre qui sera le point de départ d’une relation épistolaire avec son ami invisible. « Tiré de faits réels », comme se plaît à nous le rappeler le générique du film dans une tentative de justification de sa fiction, « La femme et le TGV » nous décrit le quotidien de cette femme vieillissante et seule, enracinée dans une routine nostalgique dont rien ne semble pouvoir l’en sortir. Et pourtant, son nouvel ami pourrait bien être un déclencheur.

Évidemment, nous comprenons bien l’intention de l’œuvre, sa description légère d’une vie de village, son attachement bienveillant aux petites choses de la vie, sa volonté toujours honnête de faire sourire, son soin apporté à l’image et à la récurrence des symboles. Malheureusement, le film laisse son spectateur à quai. En effet, « La femme et le TGV » est gavé jusqu’à l’écœurement de bons sentiments sans épaisseur et de positivisme contre-productif, tant et si bien qu’une distance infranchissable s’établit entre l’auteur et son public. Le film nous assène avec tellement d’insistance son envie de « légèreté » qu’il n’en devient que plus lourd et finit par noyer son audience dans un torrent de musique fonctionnelle et de situations indéfendables. Cette ambiance, qui n’est pas sans rappeler la mièvrerie fade du « fabuleux destin d’Amélie Poulain » et, en plus, mal soutenue par une mise en scène fourre-tout derrière laquelle peine à se dessiner la moindre sincérité. Pourquoi donc gâcher une histoire déjà bouleversante de tendresse et de simplicité en voulant souligner ses caractéristiques au marqueur rouge ? Pourquoi détruire le château de cartes en dévoilant le visage du conducteur quand tout l’intérêt du film résidait dans l’ambiguïté d’une relation avec l’invisible ?

Au final reste l’impression frustrante d’avoir tous les ingrédients sous les yeux, mais de ne pas avoir le bon boulanger pour pétrir l’ensemble. Même Jane Birkin, à bout de souffle, ne parvient pas à dynamiser cette pauvre fable figée dans un bon goût douteux. Il est à espérer que ce n’est pas vers ce classicisme fainéant et désuet que se dirige le cinéma suisse…

  • La femme et le TGV
  • De Timo von Gunten
  • Avec Jane Birkin, Gilles Tschudi, Lucien Guignard
  • Praesens
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