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samedi, juillet 27, 2024
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Interview de Frederik Peeters : De « Château de sable » à « Old »

Qu'a pensé Frederik Peeters d' "Old" ?

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

A l’occasion du long-métrage « Old », le dernier réalisé par le cinéaste M. Night Shyamalan, nous avions eu le plaisir de rencontrer Frederik Peeters. Le Suisse ayant participé activement à « Château de sable », la bande dessinée dont se base ledit film.


Bonjour Frederik et merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Comment a débuté votre carrière d’auteur de bandes-dessinées ?

Elle a débuté vers l’âge de 6-7 ans, au moment où la plupart des gens arrêtent de dessiner. Je pense que la première pulsion, c’est celle qui amène tous les enfants à dessiner. Et puis la bande dessinée qui arrivait très vite, vers 7 ans je pense. C’était du mimétisme, une volonté de probablement reproduire le plaisir que je ressentais en lisant. Je lisais du comics, du manga et de la bd. Pour moi, c’était la même chose.

Aviez-vous cru à un canular lorsque M. Night Shyamalan ou ses agents, vous ont contacté ?

Non, pas du tout parce que ça arrive très souvent. Je pense qu’il y a énormément d’auteurs que se soit de romans ou de… bandes dessinées à qui on propose des adaptations. Je pense que le principe c’est que, comme il faut nourrir une machine de fiction filmée qui produit de façon exponentielle, on va chercher partout des sources à adapter. Avant, je pense qu’on se focalisait sur les succès et maintenant, on va chercher les plus petits ou ceux passé sous les radars. En fait, beaucoup de mes bouquins sont optionnés ou en cours d’adaptation. Et quand y a le nom de Shyamalan, oui là il y a une petite surprise supplémentaire.

Comment se sont passés les échanges pour la concrétisation du scénario ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est que tout ça s’est fait par le scénariste. C’est lui qui a été contacté en 1er. Moi, j’ai suivi un peu de loin. Quand on traite avec des Américains, il y a 2 possibilités. Soit vous mettez le pied dans la porte. Donc engager des avocats, se lancer dans des négociations. Nous les Européens, on est des herbivores, dans un monde de carnivores. Ça veut dire qu’il faut changer de peau, entrer dans un monde qui n’est à priori pas le mien. C’est faisable, mais c’est pas mon truc. L’autre possibilité, c’est vous prenez l’oseille.

J’ai lu dans une interview de nos confrères du « 24 Heures », que la fin vous avait particulièrement déçu car un peu trop longue. Pourquoi donc ?

L’idée d’être déçu ou pas, c’est parce qu’il faut répondre aux journalistes. En fait, je ne fonctionne pas comme ça, car le livre ne m’appartient plus du moment où il est fait. Je constate qu’on est dans une ère où tout le monde a une opinion sur tout, où tout le monde ferait mieux que n’importe quel réalisateur. Puis à la fin, à force d’usure, je donne un avis (rire). Evidemment, on va retenir l’avis que j’ai donné, mais pas la nuance faite. Ce qu’il faut savoir, c’est que dans les premières versions de Pierre Oscar Levy, il avait quelque chose de beaucoup plus large en tête. Donc, il y avait à la fin de « Château de sable », une espèce de pont vers ce qui serait des suites. Très vite, ce qui m’excitait notamment, c’est de ne jamais quitter les personnages sur cette plage à mi-chemin d’une dimension parallèle et une pièce de théâtre. Ça me semblait porter une angoisse plus puissante.

Une scène du film vous a-t-elle particulièrement marqué ?

Oui, par la séquence de l’accouchement, cette espèce de long plan-séquence complètement errant, est assez troublant. L’accouchement de la petite fille devenue adolescente est assez beau. En regardant le film, c’est le moment où je me suis dit : « Ah, du cinéma ! » (rire). On va croire que je suis condescendant, alors que pas du tout. D’ailleurs, ce plan est un bon exemple. J’ai trouvé le plan intéressant, qu’il avait une espèce de flottement, un état de choc. Mais je comprenais aussi pourquoi il (donc Shyamalan) faisait le plan. Parce qu’il ne peut pas filmer l’accouchement. Il a éludé toute la dimension sexuelle du livre qui est très européenne et très années 60 françaises. Ça a été complètement évacué du film parce qu’il y a d’abord le puritanisme américain, le fantôme de la « cancel culture » qui plane partout. Et donc, il doit faire attention à ce qu’il filme.

Depuis la crise culturelle Covid, comment cela se passe-t-il avec vos projets en Suisse et que ferez-vous prochainement ?

Il semblerait que pour une fois, dans les 50 dernières années, le seul domaine tirant son épingle du jeu, ce soit les livres. Des échos que j’ai entendus, parce que je suis allé dédicacer en France à la réouverture, je connais des libraires et évidemment je connais la chaîne du livre, la distribution, les éditeurs. Les éditeurs et libraires ont fait leur meilleure année depuis longtemps. Ce qu’on entend, c’est que tout s’effondre sauf les livres. Pour quelqu’un comme moi, c’est totalement inhabituel parce que normalement, c’est l’inverse (rire). Tout fonctionne, puis les livres, tout le monde se plaint, c’est la catastrophe.

Et pour terminer, quels sont vos nouveaux projets ?

Je travaille sur une série avec Serge Lehmann qui est un écrivain et scénariste de science-fiction et avec qui j’avais fait « L’Homme gribouillé ». Il y avait aussi un projet d’adaptation, mais qui a été abandonné. Et là, on fait un projet de polar. Récemment, il a été qualité de polar à la croisée des genres. Moi, je définissais ça comme une tentative de faire un « Twin Peaks » écrit par Jean-Patrick Manchette. Donc, polar à la croisée des genres qui s’appellera « Saint-Elme » et sortira en octobre (2021) chez Delcourt. Il y aura 4 tomes. Et je suis en train de réfléchir, en collaboration, à un gros truc de SF (science-fiction), de retour à la SF.

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