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jeudi, mars 28, 2024
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Le Dernier Vermouth : interview de Serge Papagalli

Jonathan Tholoniat
Jonathan Tholoniat
« Désespoir, amour et liberté. L’amour. L’espoir. La recherche du temps perdu. » Comme Pierrot, j’aime la Littérature. Comme Godard, j’aime le cinéma. Après avoir étudié la Philosophie à l’université de Lyon III, je poursuis mes études en Master de Littérature et français moderne à Genève pour me diriger vers l’enseignement et le journalisme. L’écriture et le cinéma : un univers en perpétuel mouvement que je suis heureux de partager. Godard ne disait-il pas : « Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout ». De quoi assouvir mon inlassable curiosité.

Le metteur en scène, auteur et comédien, Serge Papagalli, alias Guethenoc dans la série Kaamelott, nous a offert un peu de son temps dans les coulisses de son nouveau spectacle Pourquoi ? Parce que ! pour nous parler du Dernier Vermouth et nous confirmer qu’il sera présent dans le premier volet de la trilogie Kaamelott d’Alexandre Astier.


Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet loufoque ?
Dès ma première rencontre avec les frères Aguesse, nous nous sommes très bien entendus. Le pourquoi du comment, il est là. Depuis toujours, ce qui me fait choisir un projet, c’est l’affectivité humaine. Si je ne m’étais pas entendu avec ces gens, j’aurais dit non. Ce n’est pas très compliqué. J’accepte ou je refuse les choses. Pour cela, je me base sur trois critères : l’intérêt et le plaisir humains, le planning et l’argent. Aussi bizarre que cela puisse paraître, l’argent ne vient qu’en dernier. Même si je suis dans une période de ma vie où je peux me permettre de fonctionner comme ça, c’est toujours l’affectif qui prime. C’est l’histoire de toute une vie ! Bien sûr, c’est tout aussi important d’avoir une qualité professionnelle ; je ne vais quand même pas jouer avec des gens qui ne savent pas tenir une cuillère en bois…

En ce qui concerne le film, le projet m’a énormément amusé. Des trucs avec des morts-vivants, on ne te le propose pas tous les jours ! De plus, je l’ai fait avec des potes. Gilles Arbona, comédien de théâtre et de cinéma, Gilles Graveleau, deuxième paysan de Kaamelott, sont des personnes que je côtoie depuis des années. J’ai le privilège de jouer avec des gens que j’aime, et, si possible, avec des gens qui m’aiment un peu ( rires ). Des amis, un scénario qui me fait bien marrer, que demander de plus ?

Si vous voulez, c’est un peu comme ce qui s’est passé avec Alexandre Astier – je suis désolé, j’avance un peu sur Kaamelott. Au début, on était pas censés savoir que cela allait avoir un tel engouement. C’était une petite idée de série qui démarrait et qui était diffusée aux alentours de 20h35 sur M6. On aurait très bien pu avoir vingt spectateurs et terminé ! Il y a une osmose qui se fait avec Astier. C’est autant affectueux que professionnel. Cela se ressent, et ça marche !

L’amitié, la fraternité, l’amour pour une région, le patois et l’alcool. Sont-ce des motifs indispensables pour accepter ou réaliser un projet ?
Plus que le patois, c’est un amour pour le parler, notamment le parler régional. Bien entendu, je ne fais pas ça dans tous les spectacles. Je joue aussi du répertoire. Mais dans cette partie-là de mon travail, oui.

L’alcool… Je ne nie pas. Je suis plus proche de Depardieu que de Lucchini dans ma façon de vivre. La santé par les plantes ! C’est un thème récurrent, je le reconnais. J’aime la fête, j’aime manger et boire avec des amis. J’ai un côté rabelaisien. Avec modération ! Quand même ! Ce n’est pas d’ailleurs pas l’alcool en soi. J’ai toujours dit avec un peu d’humour : « je suis un ivrogne, je ne suis pas un alcoolique ». Il y a une grosse différence, car l’ivrogne est quelqu’un qui aime bien l’ivresse autour d’une table avec des amis. C’est la convivialité. C’est Dionysos, le dieu du théâtre. Il ne faut pas l’oublier.


Après, il y a aussi l’attachement à la région du Dauphiné. L’attachement aux petites gens de la terre. Une partie de ma famille appartient à ces gens. Une autre partie est d’ailleurs suisse, de Veyrier. J’ai un attachement particulièrement fort pour ces gens, que ce soit à travers la famille de ma femme ou de la mienne. Ma famille faisait partie des petits paysans d’après-guerre. Ils nourrissaient la France – les autres pays aussi d’ailleurs. J’ai beaucoup de tendresse pour eux. J’en parle souvent avec rire et tendresse, et j’espère que cela se voit.

Voyez-vous le film comme une allégorie ?
C’est une allégorie ! La chose n’est peut-être pas assez montrée. Le monde est en déliquescence. Ils parlent d’une certaine forme de tourisme un peu envahissante. Allégoriquement ou métaphoriquement, les mort-vivants sont censés représenter cela. Je trouve que sur la durée du film, ils n’ont pas eu assez de temps pour le montrer. Cela va être développé.
Enfin… Peut-être que le monde entier en est à son dernier Vermouth… Qui sait ?

Que pensez-vous de la fin ?
Je pense que ce film n’est pas un court-métrage en tant que tel. La fin est trop abrupte. Je leur ai d’ailleurs conseillé d’ajouter « À suivre… ». On choisit souvent ce format-là dans l’objectif d’en proposer un plus long. Il arrive notamment que l’on ne puisse pas suffisamment approfondir certaines choses. Je crois que le scénario n’a pas été assez adapté à la durée. Ce sont les seules choses que je leur ai dites. Il manque un petit quelque chose, car on sent qu’ils veulent se diriger vers le long-métrage. Du fait que le film ait été retravaillé et que certaines séquences ont dû être coupées, on ne comprend pas certaines choses. C’est le problème général.
Cependant, l’idée, en plus d’être marrante, est très intéressante. La paysannerie confrontée au monde du zombie, c’est une idée originale. Je pense qu’il faut retravailler certaines choses, mais nous y travaillons ensemble. C’est à partir de là que le film prendra son envol. Disons que c’était un coup d’essai. Ces gars-là sortent de l’école ! Ils n’ont que 25 balais… Qualitativement, c’est du cinéma. Avoir fait en sorte que le film entre dans ces 26 min au détriment de certaines choses est leur seul péché.

Un mort-vivant, c’est vivant ou c’est mort ?
Eh bien, je vais vous dire un truc. Je connais beaucoup de vivants qui sont morts et beaucoup de morts qui sont vivants. Il y a des morts-vivants plus vivants que certains vivants, puis il y a des vivants-morts. On pourrait jouer sur les mots. Comme disait Coluche, certain aimerait bien mourir de leur vivant. Il y a beaucoup de gens qui sont morts depuis longtemps, qui ne le savent pas, mais qui continuent à vivre. En fin de compte, il faut profiter de l’existence. On peut jouer sur les mots : mort-vivant, vivant-mort, mais en tout cas, je crois qu’il y a des gens qui le sont moins qu’on ne le croit, et d’autres qui le sont plus.

Comment était ce dernier vermouth ?
Oh ! Il était chaud, donc assez dégueulasse. On ne dira pas le contraire. On l’a gouté un petit peu… Mais non ! Je ne conseille pas. Il y a des choses meilleures.

Ferez-vous parti du premier volet de la trilogie Kaamelott ?
Alors, je suis très ennuyé, et je vais vous dire pourquoi. Comme nous ne sommes pas en direct à la radio, vous allez vous débrouiller pour vous en sortir. J’ai signé une lettre de confidentialité, donc je suis très emmerdé. Tout ce que je peux vous dire, c’est que le film se tourne en ce moment. Il se tourne depuis mi-février et se finira mi-avril. Je viens de tourner. Donc… je serais dedans. On peut éventuellement annoncé qu’il sortira en novembre 2020. Même lui, il l’a annoncé, donc nous pouvons en parler. Après, on ne peut pas dire où, ni rien, il ne veut pas, car il ne veut pas être assailli. Donc jusque-là, je peux te répondre oui, …oui ! Un double oui.

Kaamelott
Le Dernier Vermouth 
 
2019 – 26 min – Comédie horrifique
 Réalisateur : Germain Aguesse
 Scénario : Romain et Germain Aguesse
 Acteurs : Serge Papagalli, Gilles Graveleau, Gilles Arbona, Daniel Gros,…

Facebook : lederniervermouthlefilm

 

 

 

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