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dimanche, novembre 3, 2024
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Luzzu : Une première œuvre qui attise autant l’attention que la tension.

Etienne Rey
Etienne Rey
Travailler pour une salle de cinéma, comme journaliste pour des médias ou organiser des événements pour le 7e art, ma vie a toujours été organisée autour de ma passion: le cinéma.

Alex Camilleri trouve dans ses origines maltaises le terreau et le sel d’une très belle chronique humaine et sociétale d’un pêcheur à la dérive.


« Luzzu » s’ouvre calmement… sur le son de la mer. Puis viennent les rumeurs aisément reconnaissables d’un bateau brisant les flots. Le générique défile au rythme des vagues et les premières images dévoilent un pêcheur affairé sur une petite barque colorée. L’ambiance est sereine et le cadre idyllique. S’intercale ensuite, juste avant l’apparition du titre, une séquence de nuit, faisant autant miroir que contraste avec la première. Le même homme s’affaire encore, sur le même bateau, mais la scène est nocturne, ses gestes plus mystérieux et l’ambiance plus anxiogène. 

« LUZZU » s’affiche en grand et en blanc sur fond noir avant que l’on retrouve le soleil des premiers photogrammes. Au premier dialogue, on apprend que l’homme s’appelle Jesmark, qu’il est de nature conciliante mais qu’il semble en avoir marre de sans cesse courber l’échine…

En à peine quatre minutes, Alex Camilleri, réalisateur originaire de Malte mais basé aux Etats-Unis, a brillamment posé les bases de son premier long-métrage, clairement révéler sa maîtrise du langage cinématographique et surtout, attisé l’attention. Son héros est très vite présenté comme un homme en galère. Son bateau prend l’eau, les pêches sont de plus en plus pauvres, les normes européennes le font suffoquer et surtout, son nouveau-né souffre d’une forme d’anémie que seul un traitement coûteux pourrait soigner. L’homme se noie et il semblerait que seul un petit pas de côté, une légère insoumission au système pourrait lui donner un nouveau souffle. Mais il est tiraillé entre sa morale, sa famille et l’héritage de sa profession. 

Il est d’emblée évident que le réalisateur souhaitait donner un aspect très réaliste à son film. Les images, tournées caméras à l’épaule, toujours proches des personnages, s’inscrivent dans le style documentaire. D’ailleurs, même s’il raconte bien ici une histoire fictive, il semble évident que celle-ci n’est en fait que la variation d’un récit de vie authentique. Les acteurs principaux sont de vrais pêcheurs que le cinéaste a trouvé après de longues recherches et qui improvisent leurs dialogues suivant les instructions du metteur en scène. Pour le spectateur, l’immersion est de ce fait très intense. L’authenticité des situations, la proximité avec les personnages renforcent l’impact du film, surtout lorsqu’il vire vers le thriller et la critique sociale.

Mais, malgré les belles couleurs de ces fameux « Luzzu » (petits bateaux typiques de l’île de Malte, peints dans des couleurs primaires et arborant à la proue deux yeux censés protéger du danger), le film est souvent mélancolique. Et même s’il offre parfois des petites bulles de poésies et d’espoir, il se termine tout de même sur une note un peu amère… mais pas décourageante !

Luzzu
MT – 2021 – 94min – Drama
De Alex Camilleri
Avec Frida Cauchi, Jesmark Scicluna, Michela Farrugia, Michael Sciortino, Paul Cilia, Yuric Allison, Frank Tanti, Marcelle Theuma, Joseph Schiavone, Marta Vella…
Trigon Films
30.03.2022 au cinéma

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