1987, Honolulu, son crépuscule qui flamboie, sa mer qui ondoie, sa plage qui sabloie. Une série de clichés paradisiaques de l’archipel de Hawaï défile à l’écran.
L’acclimatation au décor dure vingt secondes quand soudain, paf ! un plan nichon, pif ! une publicité déguisée pour le film « Malibu Express » et pouf ! un gunfight à la con ! Il s’est à peine déroulé cinq minutes et tous les éléments sont déjà en place. Des décors tropicaux, du cul, des gros calibres : bienvenue chez Andy Sidaris, le roi du film d’action poitrinaire honolulesque !
HOMME DE GOÛT
Décédé en mars 2007, Andy Sidaris gérait une société familiale de production sise du côté d’Hawaï, d’où son nom évocateur de Malibu Bay Film. De 1985 à 1998, le clan Sidaris a signé une douzaine de bandes qu’ils ont parvenues à fourguer à la planète entière par le biais de la vidéo et du câble. Des films suivant la recette immuable du Direct To Video des années 80 : de l’action et des jolies filles dans des décors de rêve. Rien de bien nouveau en somme, sauf que dans la tambouille d’Andy Sidaris tous les ingrédients sont versés en surdose. Fi du sempiternel 50 % action / 50 % sexy habituellement vanté par les jaquettes de VHS, Andy, voyez-vous, c’est 100% tout : 100 % action ET 100 % cul ! Et aussi 100 % crétin…
Pour obtenir ce résultat, il suffit de remplacer les habituels rambos, justiciers, flics ou soldats par des pin-ups dépoitraillées, flanquées d’hommes de main (qu’ils ont baladeuse) recrutés chez les Chippendales à qui l’on a préalablement greffé une bite dans le crâne. A cet égard, le casting de « Piège Mortel à Hawaï » est parfaitement représentatif. Les deux héroïnes sont interprétées par les playmates Donna Speir et Hope Marie Carlton qu’on a bien du mal à distinguer l’une de l’autre au départ. Je vous donne un truc pour les repérer : Hope Marie c’est celle qui est tout le temps à poil et qui ne sort que des âneries et Donna, c’est celle qui a des gros seins et qui joue mal. Mais attention, hein ! Il ne faut pas se méprendre non plus en pensant que Sidaris n’emploie que des acteurs de seconde zone. Parce qu’il y a aussi des stars (enfin une demie) : Ronn Moss, le ténébreux Ridge de « Top Models » !
GUNS AND TITS
Mais on cause, on cause et pendant ce temps, Andy Sidaris tourne et l’intrigue progresse. Nos deux fliquettes se sont fourrées dans un imbroglio pas permis : une histoire touristico-reptilienne sur fond de trafic de diamants et de string, puisque elles doivent convoyer en avion et dans le même mouvement un couple de touristes en lune de miel jusqu’à une île déserte et un serpent venimeux jusqu’à son vivarium. Et tout cela en étant chargées par le FBI de vaguement lutter, avec l’appui de deux bellâtres, contre une dangereuse bande de trafiquants de diams dirigée par un certain Romero.
Après 10 minutes de survol d’Hawaï, sans aucun plan nichon (hé ho !!!), tout part en sucette. Nos héroïnes trouvent un hélicoptère miniature contenant des paquets douteux, sont agressées par des sbires, Romero veut récupérer ses diamants, et v’la t-y pas que le serpent se barre de sa caisse ! Pour couronner le tout, le scénariste décide à ce moment précis qu’il n’en a plus rien à foutre de rien.
Ce qui n’était déjà qu’une intrigue policière mollassonne ne devient alors plus qu’un vague prétexte à caser au petit bonheur des scènes d’action crétinoïdes de dégommage de sbires entre deux plans nichons éhontés qui tombent régulièrement comme un cheveu sur la tarte au poil. Si bien qu’au bout d’une heure de ce régime, c’est déjà dans un total état d’abasourdissement qu’on se trouve cueilli par la scène la plus branque qui soit jamais sorti du grand cerveau malade d’Andy Sidaris : la scène du tueur en skateboard et sa poupée gonflable abattus au lance-roquettes (la poupée aussi !). On s’en remet pas.
[Fabrice Mathoux]