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mardi, avril 23, 2024
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The Circle : tweeter n’est pas jouer

Régulièrement sélectionné au festival de Zürich, l’excellent James Ponsoldt était jusque-là injustement absent des écrans romands. Le tort est réparé avec la sortie de « The Circle », son cinquième long-métrage. Malheureusement, ce techno-thriller inspiré par les multinationales du web est une grande déception.


On connaissait le jeune Ponsoldt réalisateur de deux bons drames (« The Sentimental Now » et « Smashed ») et d’un des meilleurs films de 2016: « The End of the Tour », ou la mise en fiction de la brève rencontre entre un journaliste de Rolling Stone et l’écrivain culte David Foster Wallace. À l’écran, le style Ponsoldt, c’est une mise en scène épurée et efficace, servie par des choix musicaux exigeants, le tout au service d’un casting de choix associant espoirs et vétérans.

Dès lors, on se demandait ce qu’il fallait attendre d’un projet comme « The Circle », production EuropaCorp dont les premières images annonçaient un thriller situé dans un futur très (trop) proche, avec pour cadre une corporation technologique fictive aux intentions douteuses. C’est à travers les yeux de Mae Holland (Emma Watson), attachée aux relations clientèles en quête d’une carrière à la hauteur de ses ambitions, que l’on découvre The Circle, multinationale fabriquant un peu tout et n’importe quoi, caricature à peine voilée des Google, Facebook, Apple et consorts. Chaperonnée par l’une de ses meilleures amies (amusante Karen Gillan), elle succombe vite aux attraits de cette compagnie en pleine expansion, qui aligne tous les clichés que l’on attend d’elle : campus hi-tech survolé par des drones, personnel jeune et perpétuellement souriant, travail évalué selon l’indice de satisfaction des clients, keynotes hebdomadaires données par le fondateur des lieux Eamon Bailey (Tom Hanks), gourou bienveillant à mi-chemin entre Steve Jobs et Mark Zuckerberg…

Mae, qui laisse derrière elle une vie provinciale, un prétendant un peu hippie, un père malade et une mère épuisée (Bill Paxton et Glenne Headley, tous deux récemment décédés), se sent comme un poisson dans l’eau dans ce nouvel environnement. Mais très vite, la carte postale paradisiaque façon 21ème siècle 3.0 laisse entrevoir des aspects peu réjouissants, à commencer par l’insistance de ses collègues à ce qu’elle diffuse l’entier de ses activités personnelles sur le réseau social de l’entreprise. Dans le même temps, Bailey dévoile un des nouveaux concepts de The Circle, une caméra miniature activée 24 heures sur 24 qui pourra permettre de surveiller en toute discrétion la moindre activité humaine aux quatre coins du globe. Soucieux de donner une légitimité à une nouvelle technologie qui transgresse plus d’une limite, il décèle en Mae la personne idéale pour promouvoir la nécessité de cette invention. À la suite d’un accident au cours duquel elle réchappe de peu à la noyade, elle accepte de porter la caméra sur elle en permanence, et de donner ainsi en pâture son quotidien aux usagers de The Circle. On imagine alors les nombreuses complications que cela entraîne pour elle…

On aura deviné sans peine le principal défaut de « The Circle » : l’intrigue, aux enjeux familiers, est constamment téléphonée. Le film ne parvient jamais à surprendre, à dissiper la sensation persistante de déjà-vu qui le plombe une fois passées les 20 premières minutes. Prometteur lorsqu’il s’agit de tourner en dérision l’importance de se sentir ‘corporate’ et de poster ses moindres faits et gestes sur les réseaux sociaux, « The Circle » s’enfonce dans une réflexion poussive au moment de s’attaquer à l’intrusion dans la vie privée. En retard sur son temps, il ne parvient pas à la cheville des premiers épisodes de la série « Black Mirror », qui avaient abordé il y a quelques années les mêmes problématiques avec un sens certain du suspens et de l’horreur psychologique.

Il se dit que « The Circle » devait initialement être plus immoral, et que les producteurs ont exigé de retourner de nombreuses scènes afin de rendre le personnage de Mae ouvertement sympathique. En conséquence, James Ponsoldt livre une promenade de santé cinématographique sans saveur au pays de la paranoïa sur internet, portée par une petite musique bien sympathique signée Danny Elfman. Une première déception dans une filmographie en devenir, que l’on continuera néanmoins à suivre de près.

The Circle
USA   –   2016   –   Drama
Réalisateur: James Ponsoldt
Acteur: Emma Watson, Tom Hanks, Karen Gillan
Impuls
12.07.2017 au cinéma

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