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jeudi, mars 28, 2024
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Un Retour à Séoul trop occidentalisé, fragmenté et long.

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Réalisé par le Franco-Cambodgien Davy Chou, « Retour à Séoul » paraît être une fiction qui captive, permet de s’évader et surtout, aborde un sujet assez inédit au cinéma : l’adoption. Malheureusement, son scénario est morcelé, parfois illogique et lent.


Suite à un changement de programme assez brutal, la jeune Freddie se retrouve pour la première fois de sa vie, à Séoul en Corée du Sud, son pays d’origine. Depuis son adoption en France, que ce soit avec ses parents ou quelqu’un d’autre, elle n’était jamais retournée. Une fois arrivée à sa destination, plusieurs sentiments l’envahissent. Après réflexion, la jeune femme décide de rechercher ses parents biologiques. Se sentant donc déterminée à en savoir plus quant à ses origines et sa famille, Freddie fera de nombreuses rencontres au gré de ses explorations. D’une réceptionniste Sud-Coréenne parlant le français à un tatoueur fascinant, d’un marchand mystérieux au personnel du centre Hammond, toutes ces personnes qui feront la connaissance de Freddie, Frédérique, percevront rapidement sa fouge, ses impulsions parfois négatives et son besoin de liberté.

C’est en se rendant en 2011 à un festival de films sud-coréens avec son amie Laure Badufle afin de la soutenir dans la présentation de son documentaire « Le Sommeil d’or », que l’ébauche de « Retour à Séoul » débuta. Car Davy Chou eut l’occasion de rencontrer une partie de la famille de cette dernière, durant des retrouvailles assez particulières…

En effet, d’abord réticente de revoir son papa toutes ces années après son adoption, Laure Badufle changea d’avis peu de temps après son arrivée au festival de films. Elle demanda donc à son ami et réalisateur Davy, de l’accompagner.

Néanmoins, cette réunion familiale se teinta de plusieurs émotions négatives comme l’amertume, la tristesse ou encore, la barrière des langues. Avec le recul et surtout, l’accord de son amie, le metteur en scène et scénariste, s’inspira de ces tranches de vie pour en faire son long-métrage.

Fragmenté en chapitres, « Retour à Séoul » retrace les trajectoires d’une héroïne qui refuse constamment d’entrer dans une case, un cliché ou une définition de la société actuelle. Si cette idée a tout son intérêt, « Freddie » peut vite agacer de par son comportement et son évolution parfois trop incohérents.

En effet, ses progressions personnelles et professionnelles manquent quelquefois d’explications et cela rend plus floue l’histoire du long-métrage. Les spectateurs-trices risquent donc de se perdre pour ses raisons et de moins avoir d’intérêt quant à l’histoire de « Retour à Séoul ».

Au fur et à mesure des chapitres et explorations de « Freddie », jouée par Park Ji-Min, différentes langues, paysages et personnages se succèdent. Tout comme sa palette d’émotions, souvent extrêmes. Ainsi et pendant les 8 années où elle suit son chemin plutôt particulier, sa colère ne la quittera guère.

Même lors de la rencontre avec sa famille ou au moment où elle délaissera un de ses proches pour une raison relativement inexplicable, elle gardera cette amertume et sa rage. Néanmoins, la finalité d’un « Retour à Séoul » s’avérera plus positive et une forme de paix, étonnamment, atteindra la protagoniste principale.

A propos du personnage central, l’interprétation de la jeune Franco-Sud-Coréenne Park Ji-Min demeure intense. Tout comme ses transformations vestimentaires, ses dialogues et sa gestuelle changeantes au gré du récit.

Le fait de découvrir la Corée du Sud tant du côté underground des mégapoles, que rural, amène également une forme magique, utile et efficace par rapport au long-métrage. Même si cela aurait été plus intéressant d’en apprendre davantage entre les traditions, les habitudes et mode de vie des habitant-e-s des lieux.

Si « Retour à Séoul » ne s’adresse pas forcément à un large public car sa complexité, son manque de clarté et une partie des sujets sans liens réels avec l’histoire, rendent cette fiction plus monotone, le thème de l’adoption reste central et ne manquera pas de créer une certaine résonnance au sein d’une partie des spectateurs-trices.

Cependant, une question importante se pose par rapport à la production du film, plus précisément aux pays qui ont participé à son financement. Car cette fiction se veut ouverte, contre le patriarcat et dégage un sentiment relatif de liberté quant au pouvoir de décision des femmes. Mais dans ce cas-là, pourquoi le Qatar, pays assez fermé sur la liberté des femmes justement, a-t-il participé de manière économique ?

Retour à Séoul
BEL – FR – ALL – QAT – 2022
Durée: 1h59 min
Drame
Réalisateur: David Chou
Avec: Park Ji-min (II), Guka Han, Oh Kwang-rok, Yoann Zimmer, Sun-Young Kim, Emeline Briffaud
Frenetic Films
25.01.2023 au cinéma

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