« Le Nouveau Stagiaire » : en fait, c’est le scénariste

Une comédie prévisible et affligeante qui nous fait regretter l’époque où Robert De Niro interprétait des rôles de gangsters.

Au cours de sa carrière d’acteur, Robert de Niro a brillé de mille feux en tenant des rôles d’hommes agressifs et imposants tels que celui de Don Vito Corleone dans le génialissime « Parrain 2 » de Coppola ou bien du champion de boxe Jake La Motta dans « Raging Bull » réalisé par Scorsese, avec qui il a collaboré dans de nombreux films.

Cette année, De Niro apparaît dans la nouvelle comédie de Nancy Meyers (« Ce que veulent les femmes », « The Holiday »), cette fois sans armes et sans gants de boxe, sous les traits de Ben Whittaker, un veuf-retraité de 70 ans qui décide de quitter sa vie monotone pour devenir stagiaire au sein d’une start-up dirigée par la sympathique Jules Ostin (Anne Hathaway). Les collègues de Ben sont jeunes, décontractés et armés de gadgets tels que iPads, smartphones et autres technologies incompréhensibles pour notre cher retraité. Lui préfère les bonnes vieilles méthodes en venant au travail vêtu de son costume et armé de sa mallette datant des années 70, contenant une calculatrice et un bloc-notes. Très vite, grâce à son expérience de la vie et à ses bonnes manières, Ben parvient à charmer tout le monde, y compris Jules qui peine à concilier son travail avec sa vie de famille.

Avec « Le Nouveau Stagiaire », la réalisatrice signe un film affligeant, doté d’un scénario niais, prévisible et sans charme dont l’argument principal est de confronter la superficialité de la génération Y face à la sagesse de Whittaker. Gentil, compréhensif et éduqué, Ben sait toujours quoi dire et quoi faire. Si vous exagérez sur la quantité de tequila, qui vous tiendra les cheveux pendant que vous vomirez ? Ben ! Lorsqu’il se regarde dans le miroir, ce n’est pas pour se parler à lui-même et dire : « C’est à moi que tu parles ? » comme dans « Taxi Driver », mais pour être sûr que son costume est bien arrangé, car il est la caricature du prince charmant. Contrairement au stagiaire, ses jeunes collègues de travail ont l’air d’adolescents naïfs coincés dans des corps d’adultes à qui il faut tout apprendre. Chez Nancy Meyers, la génération Y semble se résumer à des êtres désireux de partager tous les détails de leur vie sur les réseaux sociaux. Toute individualité disparaît pour être remplacée par une masse uniforme représentée par une série de clichés grossiers, censés faire rire, mais qui ne cesseront de s’accroître tout au long du film et feront grincer les dents du spectateur.

Le long-métrage traite aussi, par le biais du personnage d’Hathaway, de la femme moderne qui est divisée entre son rôle de femme, de mère et de travailleuse. Faut-il se sentir coupable de mettre en priorité sa carrière professionnelle ? Si la réalisatrice tente de ne prendre aucun parti, c’est par un discours incohérent, ridicule et immature qu’elle décide de conclure ce débat, qui en mortifiera plus d’un. Côté acteurs, De Niro fait son boulot et interprète assez correctement le rôle qui lui a été demandé et Anne Hathaway joue tant bien que mal son personnage qui jongle constamment entre confiance et insécurité et qui essaie de paraître convaincante en parlant de la difficulté d’être une femme à la tête d’une entreprise, dans un domaine majoritairement masculin. Les acteurs interprétant respectivement le mari (Anders Holm) et la fille (JoJo Kushner) de Jules n’ont, quant à eux, aucune crédibilité et semblent sortir tout droit d’une mauvaise publicité à la télévision pour une brique de lait.

Néanmoins, il faut concéder que Ben Whittaker avait raison sur la nécessité de porter constamment un mouchoir sur soi, car vous en aurez besoin pour essuyer les larmes causées par la douleur de voir Vito Corleone apprendre à se créer un compte Facebook.