16.9 C
Munich
samedi, juillet 27, 2024
- Publicité -

« NIFFF 2020 hors-série » : Des machines féministes à une plongée mortelle

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

En cette période estival trouble où les festivals tentent de ne pas se faire oublier, la « 20ème édition du NIFFF hors-série » pris fin le 11 juillet dernier. Débutant le 3 du même mois, sa forme particulière se dota d’un bon programme, bien que parfois contesté.


Si en effet plusieurs festivaliers-ères ont peu apprécié le prix un peu trop élevé de CHF 111.- du pass complet permettant d’accéder au visionnage de la programmation complète, l’autre regrettable mécontentement fut de voir quelques films déjà diffusés au « NIFFF » lors d’éditions antérieures à l’exemple de l’excellent et nerveux « The Raid ». L’impression de « payer pour rien » se perçut parfois donc.

Quoiqu’il en soit, la vingtaine de long-métrages proposés ont permis aux spectateurs-trices de découvrir un panel varié et très éclectique. Si j’ai ressenti certaines fictions en coups de cœur, d’autres me plurent moins ou me déçurent. Ainsi, le Nordique « Breaking Surface » relatant l’histoire de 2 sœurs douées en plongée profonde qui se retrouvent emportées et bloquées par des rochers vraiment profondément, se dote d’une fin beaucoup trop lisse quant au reste de l’intrigue.

Avec « Av The Hunt », pour une fois, la Turquie ne présente pas qu’une œuvre cinématographique sociodramatique, mais aussi une plutôt horrifique. Car même si le fond tragique est conservé, l’histoire de cette jeune femme se retrouvant pourchassée par la police et sa famille suite à un adultère, démontre d’une part un malaise de la société encore trop peu abordé, et d’autre part, que la femme n’a de loin pas la place méritée devant lui être accordée dans tous les pays.

« Av The Hunt » aborde des sujets fort intéressants et le casting a relativement bien interprété les rôles respectifs. Cependant, pour une raison indéterminée la fin de cette chasse à la femme prend une tournure inattendue et décousue. Le prolongement de cette séquence rallonge la trame inutilement et les spectateurs-trices pourraient être malheureusement, davantage déconcerté-e-s.

Du côté des vampires et par le biais de la production « Comrade Draculich », le public a pu découvrir comment l’existence des vampires est soupçonnée par les services secrets hongrois. En effet, l’un des héros cubains de passage à Budapest ne semble pas totalement être ce qu’il prétend. De plus et durant cette période des années 70, le communisme s’aspire partout, d’une manière ou d’une autre.

Si la réalisation de Márk Bodzsár de demeure pas exceptionnelle, l’atmosphère de ladite décennie plane tout au long du film à merveille. Des décors aux dialogues, parfois croustillants, le scénario paraissait improbable au préalable… Des vampires en Hongrie au temps du communisme ? Pourtant et malgré le manque de rythme au niveau de la trame, l’histoire plaît et s’avère plus homogène et surprenante que prévue. Finalement, la science-fiction côtoie très bien l’époque historique concernée.

Parmi les choix de productions diffusées du « NIFFF 2020 hors-série », celle des Germaniques reste l’une des moins réussies. Certes, « Schlaf », ou « Dors » en français, intriguait de par sa trame. Celle-ci se déroule au sein d’un lieu reculé en Allemagne et le public découvre une jeune fille devant beaucoup s’occuper de sa maman qui souffre de différents troubles violents, à l’exemple de visions… Certaines vont d’ailleurs les amener dans un village car il se pourrait que ses visions soient des formes de pressentiments, de souvenirs enfouis…

Si la bourgade Schlaf n’existe pas en réalité, le tout 1er long-métrage de Michael Venus s’imprègne clairement de l’univers du cultissime « Shining » de Stanley Kubrick. L’ambiance hôtelière lugubre est de mise, néanmoins pas suffisamment accentuée. L’enquête que mène Sandra « Marlene » Hüller (« Proxima ») manque de dynamisme et d’efficacité. Ce malgré un bon jeu du côté de la distribution. En outre, sa connotation patriotique et la partie horrifique auraient pu être davantage développées afin de rendre « Schlaf » plus effrayant et captivant.

Rares sont celles et ceux pensant que les « VHS » ont toujours une valeur à présent. Encore faut-il connaître et comprendre le terme… Mais avec « VHYes », l’immersion dans le milieu des années 80 au travers des caméras lourdes et K7 vidéos se fait d’emblée. En effet, à 12 ans Ralph se passionne pour les enregistrements vidéo. Accidentellement, il filme donc sa vie par-dessus la K7 de mariage de ses parents (un sacrilège à l’époque !). Ses joies, ses peines, son pote, tout le monde et tout est filmé. Jusqu’à la maison hantée et son exploration…

Si les spectateurs-trices sont d’emblée plongés dans un univers nostalgique pour celles et ceux ayant connu les décennies avec les grosses caméras portatives, pour les personnes désireuses de connaître un peu plus cette période, « VHYes » s’avère être la réalisation parfaite. Parfois peu trop longue, la vie de « Ralph » et ses mésaventures sont très bien filmées, (re) produites et jouées. Et même si la séquence finale manque de clarté, l’humour et l’enfance associés de cette manière, permettent de découvrir une production vraiment sympathique et originale.

Malgré la présence d’un monstre différenciant « Sea Fever » de « Breaking Surface », les 2 fictions ont de nombreux points communs. A commencer par l’eau. Le huis clos ou encore l’univers du Grand Nord sont d’autres similitudes. Néanmoins, l’histoire en elle-même demeure très différente. Car « Sea Fever » suit un groupe de personnes sur un bateau partit loin des côtes afin d’observer la faune maritime. Mais que pourrait faire l’équipage lorsqu’ils se retrouvent bloquer par des sortes de filaments translucides et perçant doucement la coque ? Parce qu’aucune espèce animale connue à ce jour n’a de telles capacités.

En tête d’affiche de « Sea Fever », la comédienne Connie Nielsen qui est bien connue pour avoir joué notamment dans l’excellent « Wonder Woman ». D’une nature plus renfrognée avec ce rôle, la performance de ses collègues et la sienne offre un long-métrage relativement nerveux et anxiogène. L’univers du bateau, le mystère autour du monstre et ses intentions intriguent beaucoup quant au dénouement de l’œuvre cinématographique. Toutefois et comme « Breaking Surface », le final s’avère bâclé et trop gentillet. L’hémoglobine prend le large au détriment d’un aimable survivalisme et cela gâche l’efficacité du film.

Enfin, « Blood Machines » qui se dote d’un scénario original et de graphismes très soignés. Vascan et Lago sont 2 chasseurs doués dans leur domaine. Ils arrivent donc confiants à bord de leur vaisseau spatial sur cette étrange planète et après avoir longuement poursuivi une intelligence artificielle. Bien que sentant un danger menaçant, ils n’imaginent pas à quel point ce dernier mettra leur vie en danger. En outre, qui est cette femme agressive nommée Corey et semblant en savoir beaucoup plus qu’il ne paraît quant à l’I. A. ?

Aussi étonnant que celui puisse paraître, le moyen-métrage « Blood Machines » est une production française atypique, très graphique et à l’histoire surprenante et intelligente. Les metteurs en scène et réalisateurs Raphaël Hernandez et Seth Ickerman, ont recréé une atmosphère souvent psychédélique des années 80. Ils démontrent également que même dans l’espace à des millions d’années, la place de la femme peut être plus surprenante et violente qu’imaginé. Un film d’auteur captivant, mais décevant à cause de sa conclusion qui devient trop vague et brouillonne. A regret, car le reste du long-métrage contient de bonnes surprises et divertit à souhait.

Note : 4/5

- Publicité -
- Publicité -