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mardi, mars 19, 2024
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Bande de filles en DVD

Après « Naissance des pieuvres » (2007) et « Tomboy » (2011), Céline Sciamma continue de s’imposer comme l’une des nouvelles figures importantes du cinéma français. Sur le papier, son troisième long-métrage pourrait s’apparenter à n’importe quel autre drame d’adolescents (ou coming-of-age films, comme les labellisent les anglophones). Loin de la pornographie sociale qui échoue sur nos écrans, « Bande de filles » s’impose comme un portrait sensible et lyrique d’une jeunesse à la dérive.

Si le film dépeint le quotidien de quatre jeunes banlieusardes habitant non loin de Paris, il se focalise avant tout sur Marieme. Celle-ci ne tarde pas à se faire rebaptiser Vic lorsqu’elle rejoint la bande de filles éponyme. Contrairement à la plupart des longs-métrages traitant des mêmes thématiques, celui-ci ne subit pas son sujet et ne laisse pas son ambition esthétique au vestiaire.

À l’aide de décors colorés et d’une superbe photographie, la réalisatrice fait preuve d’une éblouissante volonté formelle qui épouse le quotidien (faussement) banal de ces adolescentes. En ce sens, le film pourrait se rapprocher de « Boyhood » (le titre anglais de « Bande de filles » est par ailleurs « Girlhood »), car si le film de Sciamma n’incarne pas le pendant féminin de celui de Linklater, il lui répond d’une certaine manière. Certes, tout ou presque oppose les protagonistes et les situations respectifs de ces deux œuvres, mais les expériences et les sentiments vécus par les personnages atteignent une certaine forme d’universalité qui traversent la singularité de chaque long-métrage.

En raison de sa naïve sincérité, « Bande de filles » est facilement critiquable par le premier cynique venu ; c’est peut-être précisément en cela que le film fonctionne, grâce au pari osé de la réalisatrice. À l’image de ses protagonistes, « Bande de filles » se laisse aller à la rêverie.

Une scène miraculeuse illustre ceci, lorsque les quatre filles se retrouvent dans une chambre d’hôtel, habillées pour sortir. Le temps d’une chanson (« Diamonds » de Rihanna), elles s’abandonnent à leur fantaisie et oublient leur situation compliquée, leur avenir incertain : heureuses et belles, elles vivent, tout simplement. C’est cette félicité instantanée que Sciamma a su si merveilleusement capturer et qui rend son film si particulier.

Malgré quelques traits d’écriture forcés (la relation entre Vic et son frère), « Bande de filles » subjugue par son onirisme latent, sa beauté constante et sa merveilleuse brochette d’actrices. Sciamma embellit ce drame d’adolescentes et ose par ailleurs dépasser le point final que connaissent la majorité de ces récits, en proposant d’emmener sa protagoniste au-delà des conclusions habituelles. Une victoire assurée.

Bande de filles
De Céline Sciamma
Avec Karidja Touré, Assa Touré, Lindsay Karamoh…
Pyramide Video / Dinifan

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