Les derniers jours de l’ambassade de France à Kaboul lors de la reprise du pays par les talibans en 2021. Un film qui suspend le temps l’espace d’une respiration pour le meilleur et pour le pire. Combien en sortiront ? Combien survivront ?
Kaboul, le 15 août 2021, l’ambassade de France vit ses derniers instants. Mohammed Bida, dit Mo, en poste sur place doit trouver une solution pour faire sortir des ressortissants français et des afghans du territoire aux mains des talibans depuis quelques jours. Devant le stress et surtout l’urgence de la situation, les minutes sont comptées pour tous et surtout pour toutes. Mo doit jouer de ses compétences et de ses rares contacts pour résoudre cette sortie qui ressemble plus à une fuite qu’à une simple opération d’extraction de citoyens. Avec l’aide d’Eva, franco-afghane et missionnaire humanitaire de la Chaîne du Bonheur, Mo ne quittera pas l’Afghanistan sans y laisser plus que des plumes.
Un film pour comprendre l’enjeu diplomatique et l’importance de la vie en seulement deux heures. En quelques minutes, nous voilà en immersion dans un univers bien loin de nos réussites et de nos évolutions sociales qui nous rend finalement bien humbles. L’urgence constante fait rapidement place à la nécessité, à la panique, à la survie, à la loyauté et même à la tolérance. Quelle est la valeur d’une vie ? Sommes-nous vraiment tous égaux ? Le scénario relate des faits réels aussi bien dans l’évidence que dans la consternation. Le portrait du policier Bida expose un incroyable self-contrôle dans toutes les situations même les plus insupportables. Sa loyauté, son abnégation et son altruisme ont été essentiels dans la réussite de cette opération autant que l’aide d’Eva, une franco-afghane missionnaire de La Chaîne du Bonheur sur place. Il est important de garder une mémoire juste et sans jugement de ce genre d’événements. Ce long métrage est intelligent et apporte une vision claire et finalement objective de ce qui s’est joué durant ces quelques jours d’août 2021. La tension omniprésente, même dans les scènes qui semblent résoudre un problème puis un autre, est un fil rouge qui emmène le spectateur au bout de du chemin en même temps que les protagonistes.
La réalisation est efficace et ingénieuse en ce sens. Les décisions presque impossibles que Mo Bida a été forcé de prendre afin de conjuguer entre son devoir d’obéissance martiale et son éthique personnelle sont poignantes à vivre. Roschdy Zem et Lyna Khoudri portent de concert cette tranche d’humanité d’un bout à l’autre sans jamais faillir. La mise à l’honneur de l’implication d’une journaliste anglaise Kate , jouée par Sidse Babett Knudsen, qui a insisté pour sauver des artistes afghans dans le lot du convoi français, est une histoire dans l’histoire. Tout aussi important, ce détail démontre à quel point la ténacité de quelques uns peut faire la différence pour un plus grand nombre. Tous ses faits héroïques sont de merveilleux ambassadeurs de la solidarité et de ses bienfaits. Ce film est tiré de l’autobiographie de Mohammed Bida, 13 jours 13 nuits, dans l’enfer de Kaboul. A voir absolument mais pour un public averti.
Réal. : Martin Bourboulon
Acteurs : Roschdy Zem/Lyna Khoudri/Sidse Babett Knudsen/Christophe Montenez/Yan Tual/Jean-Claude Muaka/Nicolas Bridet/Shoaib Saïd/Sina Parvaneh
Distrib. : Pathé Films