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jeudi, mars 28, 2024
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« Joy » et la serpillière ne font pas bon ménage

« Joy » De David O. Russell

Le dernier long-métrage de David O. Russell ne décolle pas à cause d’une réalisation indécise et de personnages trop esquissés.


Vous avez toujours voulu savoir quel génie se cachait derrière l’invention de la serpillière magique ? Eh bien, c’est exactement ce que le réalisateur David O. Russell (« Happiness Therapy ») veut nous faire découvrir dans son dernier long-métrage « Joy », où il met en scène sa muse, l’actrice Jennifer Lawrence. Celle-ci incarne Joy Mangano, une jeune femme inventive et ambitieuse, qui avait un avenir prometteur, mais a dû mettre de côté ses rêves lorsque ses parents se sont séparés. Quelques années plus tard, on la retrouve vivant toujours dans le giron familial, avec cette fois trois enfants à sa charge, le fruit d’un amour qui a fini en divorce. Joy est le pilier, la pièce du puzzle indispensable qui empêche que tout ne s’effondre autour d’elle. Elle subvient aux besoins financiers de la famille et répare tous les dégâts mécaniques et émotionnels qui se profilent. Sa mère (Virginia Madsen), à la limite de l’agoraphobie, passe son temps à regarder des feuilletons télévisés. Son ex-mari (Edgar Ramírez) avec qui elle est restée en très bons termes, vit dans son sous-sol en attendant de devenir le prochain Tom Jones latino. Son père Rudy (Robert De Niro) revient vivre avec eux, après que sa compagne l’ait quitté. Malgré l’apparition perpétuelle de complications et la charge de toutes ces responsabilités, Joy réussit tout de même à trouver l’inspiration pour mettre en forme une idée, qui pourrait lui ouvrir les portes vers un avenir meilleur…

« Joy » De David O. Russell

Il est vrai que Russell possède la capacité d’aborder les interactions humaines de manière unique, rafraîchissante et réelle. Tout comme dans ses films précédents (« Happiness Therapy »), il choisit de creuser la personnalité de protagonistes excentriques, endommagés psychologiquement ou émotionnellement. Il nous met face aussi à la difficulté de gérer et maintenir son propre business dans un monde cruel. La bande-son est en accord avec le rythme des scènes, les dialogues sont riches en répliques intelligentes et Lawrence ne manque pas de nous impressionner. Elle interprète merveilleusement bien le personnage principal, qui, bien qu’épuisé, va surmonter les problèmes internes et familiaux pour accéder à la grandeur. Présentée comme une guerrière forte et déterminée, Joy suscite l’empathie du spectateur. Chaque choix d’interprétation fait par l’actrice se révèle être le bon et au final, Lawrence porte le film sur ses seules épaules et c’est bien grâce à elle si l’on peut arriver à l’apprécier.

« Joy » De David O. Russell

« Joy » aurait pu être un film génial et transcendant, qui motiverait les individus à oser faire le grand saut en se montrant aussi ambitieux que le protagoniste. Malheureusement, quand le générique de fin défile sur l’écran, on reste là sans savoir quoi penser, tant les intentions du réalisateur sont peu claires. Russell donne l’impression d’avoir succombé trop vite à l’enthousiasme de produire un film avec son trio fétiche (Lawrence, Bradley Cooper et De Niro), sans prendre finalement le temps de poser une direction concrète vers laquelle mener son œuvre. Par exemple, souhaite-t-il nous livrer un biopic, un drame sur le dysfonctionnement familial ou, tout simplement, faire l’analyse psychologique d’une femme extraordinaire ? Il nous sert des scènes dont la charge dramatique est réduite et pénalisée par le caractère trop esquissé des personnages. Le réalisateur s’attarde à développer des personnages mineurs et des éléments sans importance pour l’histoire, telle que la mère et les images de son « soap opera » préféré (qui ne sont finalement même pas utilisées), alors qu’il aurait plutôt fallu s’intéresser à la grand-mère (Diane Ladd), la source d’inspiration de Joy qui narre en voix-off les événements ou bien l’ex-mari, qui joue un rôle pivot dans la trame. Le spectateur est en présence d’une grande palette d’individus aux personnalités fortes ne servant aucun but particulier et qui perdent parfois de leur réalisme tant ils sont exagérés. Ajoutons qu’ils tournent autour de thématiques inégalement approfondies et peu engageantes. Néanmoins, la courte apparition de Bradley Cooper dans la deuxième partie du long-métrage et son alchimie avec Lawrence, toujours intacte, permettent de rehausser quelque peu l’intérêt de l’œuvre.

« Joy » De David O. Russell

« Tu fabriqueras des choses incroyables » dit tendrement la grand-mère à sa petite fille Joy. C’est dommage que l’on ne puisse dire de même à David O. Russell pour son dernier film.


Joy – Bande annonce VOSTFR par TheDailyMovies

« Joy » De David O. Russell

Joy
De David O. Russell
Avec Jennifer Lawrence, Robert de Niro, Bradley Cooper
20th Century Fox
Sortie le 30.12

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1 COMMENTAIRE

  1. J’ai relativement bien aimé, mais le truc qui m’a lassé c’est les trop nombreux « ascenseurs émotionnels ». Joy est dans la m*rde… puis hop, ça s’arrange… puis en fait non, re dans la dèche, puis hop ça s’arrange encore, puis non, encore un souci etc.

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