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jeudi, mars 28, 2024
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« The Big Short : Le casse du siècle » : la cupidité à son paroxysme

The Big Short : Le casse du siècle

Aussi dénonciateur qu’un documentaire de Michael Moore et aussi énergique qu’un « Le Loup de Wall Street », « The Big Short : Le casse du siècle » est un film à ne pas manquer !


« The Big Short : Le casse du siècle » est une tragi-comédie inspirée du livre éponyme de Michael Lewis, l’un des écrivains les plus emblématiques de l’économie actuelle. Le long-métrage est réalisé par Adam McKay (« Anchorman », « Stepbrothers »), un habitué des comédies satiriques avec, généralement, Will Ferrell en tête d’affiche. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’œuvre de Lewis ne pouvait pas tomber entre de meilleures mains.

The Big Short : Le casse du siècle

Le film décalque la réalité sur un ton acerbe et raconte comment un petit groupe d’individus excentriques a anticipé et utilisé ses connaissances pour empocher d’énormes profits, lorsque Wall Street a plongé les États-Unis en 2008 dans l’un des plus grands ralentissements économiques de l’histoire. Le docteur Michael Burry (Christian Bale), un analyste financier doté d’un œil de verre et de tongs aux pieds, est le premier à avoir pressenti que le marché immobilier allait s’effondrer et que ce krach serait tellement profond qu’il affecterait les finances des autres pays. En effet, il constate que les banques, avides et insouciantes, convertissent des prêts hypothécaires à risque, c’est-à-dire des prêts faits à des personnes avec peu de solvabilité, en des produits financiers exotiques bien notés, mais qui sont en réalité sans valeur. Ces institutions les blanchissent, puis les revendent avec l’aide des agences de notation, pour se mettre de l’argent plein les poches grâce aux commissions qu’elles touchent et sans en assumer le risque. D’une manière ou d’une autre, les prévisions de Burry arrivent aux oreilles de Jared Vennett (Ryan Gosling), un banquier bien décidé à s’enrichir en misant contre le marché immobilier, de Mark Baum (Steve Carell), un actionnaire révolté contre le système pour lequel il travaille et de deux jeunes aspirants interprétés par John Magaro (« Not Fade Away ») et Finn Wittrock (« American Horror Story »), qui accueillent aussi favorablement les anticipations de Burry.

The Big Short : Le casse du siècle

« The Big Short : Le casse du siècle », nommé quatre fois aux Golden Globes, entre autres pour le meilleur film, présente une structure filmique décontractée et fluide, un scénario audacieux imprégné d’humour noir et rempli de dialogues piquants. Le réalisateur a puisé dans le registre qu’il connaissait le mieux pour présenter des événements graves dont les répercussions se font encore ressentir aujourd’hui et le résultat est brillant : le film réussit tout à la fois à nous faire rire, à nous surprendre, à nous indigner et parfois même, à nous terrifier. Il lacère et démystifie la magie financière de Wall Street à travers le portrait et le parcours de ces visionnaires. La narration du long-métrage est construite sur un ton didactique que certains percevront comme condescendant, alors que d’autres auront l’impression d’être mis sur un pied d’égalité, grâce aux explications données par les cameos d’icônes pop-culturelles et la voix-off de Jared, pour éclaircir le jargon économique utilisé dans le film. Les interventions de Ryan Gosling, qui commente avec sarcasme la destruction de l’économie américaine, avec à l’image des montages d’archives de journal ou de programmes humoristiques, sont agiles et ajoutent du peps à l’histoire.

The Big Short : Le casse du siècle

Adam McKay bénéficie également d’un casting irréprochable, extrêmement bien choisi. Christian Bale, l’instigateur du mouvement, se montre phénoménal dans son rôle de mouton noir ; Steve Carell, après « Foxcatcher », continue à briller dans son interprétation de l’irascible Mark Baum qui essaie de briser le silence et l’indifférence. Bien qu’’il essaie de prévenir les personnes qui investissent de la catastrophe financière imminente qui se profile, il doit aussi faire face à sa propre hypocrisie, puisqu’il va gagner une somme considérable sur le dos de ces individus trahis par des systèmes frauduleux, tout simplement parce qu’il a eu la chance d’avoir vu ce que les autres refusaient de voir. Même si l’on n’aperçoit pas ou peu les victimes de ce krach immobilier et que l’humour est utilisé ici pour apporter de la légèreté aux horreurs de la crise de 2008, le spectateur est sommé, lui aussi, de se rappeler qu’il ne s’agit pas d’un « feel good movie », mais qu’il se positionne dans une situation moralement complexe en soutenant ce groupe de personnages. De nombreuses familles se sont réellement retrouvées sans maison, sans travail, à cause d’une industrie financière mal gérée, cupide, qui elle-même n’a pu être sauvée que grâce à l’argent de la population et s’en est sortie quasiment indemne.

En bref, « The Big Short : Le casse du siècle » est un récit passionné et passionnant qui divertit, instruit et pousse le questionnement plus loin en amenant le public à se demander si la société a vraiment appris de ses erreurs et si la situation actuelle a véritablement changé.

The Big Short : Le casse du siècle

The Big Short : Le casse du siècle
D’Adam McKay
Avec Christian Bale, Steve Carell, Ryan Gosling, Brad Pitt
Universal Pictures
Sortie le 30.12

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2 Commentaires

  1. C’est vrai que c’est pas évident, surtout si on est fatigué mais mon dieu une fois que tu as le déclic c’est savoureux! Pour ma part, je l’ai vu deux fois histoire d’avoir bien bien tout compris

  2. Extrêmement intéressant effectivement ! Après faut vraiment crocher car même avec les explications simplifiées des termes bancaires et leurs fonctionnements j’ai eu un peu de peine perso 🙂

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