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vendredi, avril 19, 2024
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« Un Juif pour l’exemple » : déterrement d’un fait divers

Stefano Christen
Stefano Christenhttps://www.instagram.com/stefanochristen/
Féru de cinéma, de poésie et d’art, Stefano Christen voit la critique comme un terrain de jeu où l’on ne garde pas sa langue dans sa poche. Non, on la sort toutes les cinq minutes, pour se remettre à l’heure.

« Un Juif pour l’exemple » déterre un fait divers de 1942 : le meurtre d’un Juif par un groupe d’extrémistes dans le canton de Vaud. Exhumation abusive ? Stimulation nécessaire de la mémoire collective ? C’est plutôt la deuxième option qui est choisie. Par le regard de Chessex, l’accent est mis sur l’importance de se rappeler  ou pour ceux qui n’auraient pas vécu les évènements  de savoir. 

En 1942, pour l’anniversaire d’Hitler, des extrémistes suisses décident de faire un cadeau au chef nazi pour lui montrer leur fidélité. Pour l’occasion, il chasse un Juif comme une bête, et l’abatte. 
Les traces de ce fait divers sanglant s’effacent peu à peu dans la mémoire des Helvètes. C’est Jacques Chessex, un vieil homme au visage creusé par les évènements, qui remet une première fois les Suisses face aux faits en racontant cette histoire sous forme de livre en 2009. Enfin, le film déterre définitivement l’évènement en 2016.

La démarche est louable, plus qu’un déterrement, on nous propose ici une cérémonie de remémoration, en revivifiant le lien du passé au présent. Tout au long du film, Chessex, témoin de l’évènement, nous tend sa main d’enfant et de vieillard. Si les costumes et la plupart des éléments datent de l’époque du drame, certains détails semblent beaucoup plus contemporains. C’est le cas des voitures et des uniformes de police qui sont actuelles. Une façon d’ancrer les faits narrés dans notre temps ? Un moyen de glisser subrepticement l’idée que des évènements similaires pourraient arriver à notre époque ? Quoiqu’il en soit, la démarche est appréciable. 
J’ai parlé faits, il est maintenant nécessaire de déterrer ce qui est moins plaisant dans le film. Si l’entreprise est louable, la manière de le faire reste un peu gauche. On regrettera notamment, une bande son très banale, et un jeu d’acteur inégal. Bruno Ganz brille dans le rôle de la victime juive, d’autres plombent le film par un jeu maladroit. Je retourne le fusil contre cette bande d’extrémistes suisses, les meurtriers, beaucoup trop ridicules et stupides pour y croire… En résulte une caricature maladroite. Dommage d’entacher ainsi la mémoire de ce fait divers peu connu.

  • De Jacob Berger
  • Avec Bruno Gans, André Wilms
  • Vega Films Ruth Waldburger
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