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vendredi, avril 19, 2024
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Premier jour du Festival de Locarno 2017, programme et nouveautés, sous une chaleur écrasante.

Comme chaque année, la Piazza grande illuminée par son gigantesque écran, s’est parée de son manteau de chaises jaunes et noires. La foule afflue peu à peu et la chaleur est particulièrement écrasante. Les gelatis aux tons pastels sont toujours aussi alléchants, ça sent bon la pizza, la mozzarella, la friture de poisson et la bratwurst. Et l’air résonne pas mal de langues germaniques et autres dialectes dérivés…


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e festival présente cette année quelques nouveautés : d’abord, le GrandRex a été rénové ; nouveaux sièges plus espacés et installations dernier cri. S’ouvrent également les salles et le bar au Palacinema, fini in-extremis pour le Festival. Ce sont ainsi trois salles de projection supplémentaires qui viennent s’ajouter aux huit déjà existantes et qui ne seront pas de trop pour accueillir un public toujours plus nombreux. En marge, un nouvel espace de bars, détente, restauration très sympathique au Locarno Garden et une scène musicale sur la Rontonda, sorte de mini Paléo au centre du festival, avec ses stands de street food et de babioles.

À la programmation une magnifique rétrospective Jacques Tourneur, que vient compléter une publication spéciale, apparemment uniquement disponible au festival. Au total 46 films et courts rien que pour cette rétrospective, et plus de 370 films toutes catégories confondues. Les projections commençant à 9:00 avec un dernier créneau horaire à 23h, on peut voir six films par jour, parfois sept, pendant les onze jours que dure le festival. Même en chargeant un maximum son programme, ça ne fait qu’un cinquième de tous les films présentés. Il faut donc faire des choix drastiques : valeur sûre que l’on peut voir pour la première ou dernière fois en 35mm, ou nouveau film marginal ? Grosse production qui va nous en mettre plein la vue ou expérimentation qui promet d’être intéressante ?

Le cinéphile le plus acharné ne sort pas indemne d’une telle orgie de films et d’une telle diète de sommeil, surtout si en plus il faut s’adonner au dernier verre débat après le film, ou à la rédaction d’articles… Plein respect et admiration à mes collègues qui y parviennent ! De plus, cette année, il fait particulièrement chaud, avec un thermomètre qui tourne autour des 35 degrés. On espérerait, comme lors des courses sportives, des gens qui vous tendent un verre d’eau fraîche à la sortie d’une séance, afin de pouvoir affronter le soleil de plomb jusqu’à la prochaine salle. Ou même pourquoi pas, un petit sandwich au « crudo » ? Mais non ; rien de tout ça !

Car il y a encore ce petit détail pratique de la nutrition à régler entre les séances. Pour ma part, je n’ai pas trouvé le chemin de mon sandwich avant 16h, après une séance à la Sala pour voir Moor, film qui m’a subjuguée dès ses premières images. La fascination n’a pas tenu sur la longueur, mais je retiens quelques magnifiques plans pendant le film et surtout cette incroyable photographie en noir et blanc du début. J’ai à peine eu le temps de dévorer la moitié de mon sandwich en allant à la séance de *Sashihi Deda*, ou Scary Mother. L’histoire est pleine d’ambiguïtés, elle se dédouble en de multiples mises en miroir ou en abyme au sein du film, une sorte de prisme déformant à l’infini. Très particulier.

Ensuite, restait à courir à la soirée d’ouverture du festival qui avait déjà commencé. Alors, là, j’ai envie de frimer, parce que si vous faites partie du commun des mortels et n’avez jamais eu l’occasion d’assister à cette soirée, je peux vous dire que vous avez loupé quelque chose ! Imaginez une foule ou se mêlent célébrités internationales, nationales ou plus modestement locales, politiques de tous niveaux, journalistes de tous bords. Les uns dans leur costumes, les femmes en grande toilette, belles coiffures et maquillages, ou se détachant du lot en arborant les tenues les plus farfelues qu’il soit, tous étouffant et se défaisant lentement sous la chaleur infernale de cette soirée d’été, et applaudissant en mesure aux discours d’un air compassé.

Ça, c’est la partie « prestigieuse » ou du moins policée du jeu. C’est après que ça devient vraiment intéressant.
Parce que tout à coup, alors que l’attention commence à mollir et à trépigner, les fronts à perler, et que certains semblent même avoir pris une douche tout habillés, l’orateur annonce que le buffet est ouvert. Et là, rien que pour ce moment-là, où la foule se précipite comme un seul homme vers les petits fours, le vin et la viande séchée, ça vaut la peine d’avoir ainsi patienté. Je suis à chaque fois fascinée de voir tout ce beau monde en tenue de gala se précipiter sur les petits sandwichs et fruits coupés comme s’ils n’avaient pas mangé depuis trois jours.

Après avoir pris les photos et profité du spectacle pendant une bonne heure, j’ai eu envie de goûter une des pâtisseries d’un énorme plateau qui venait d’arriver sur la table devant moi. Des mains avides vidaient le plateau à mesure que je m’approchais de mes grands pas lents. Ça avait quelque chose d’inéluctable et de fascinant. Quand j’atteignis le plateau, il ne restait qu’un misérable petit chou à la crème. Mais alors que j’allais m’en saisir, une dame sur qui j’avais pourtant l’avantage s’est pratiquement jeté en avant, tendant son bras, mais genre gogo-gadget au bras, elle m’a soufflé ma proie pratiquement sous ma main. Elle devait être aussi affamée que moi à 15h. Mais contrairement à moi, il semblerait qu’elle n’a pas trouvé le chemin de la coop.

C’était fabuleux, et je regrette de ne pas avoir filmé la scène.
Ensuite, retour à la Piazza Grande, pour voir la présentation et le film d’ouverture : « Demain et tous les autres jours », de Noémie Lvovsky. Le film parle de la difficile relation entre une mère un peu folle et sa fille, liées par une admiration réciproque et un amour sans borne. On a pu le regarder dans une soirée qui n’apportait pas vraiment de fraîcheur, sous un ciel constellé d’étoiles, et le passage de quelques chauves-souris qui devaient se sentir toutes désorientées.

Je note alors un point commun entre mes trois films : bien que MOOR, veut dire « mère » traite principalement de la relation père-fils, la relation à la mère qui s’est suicidée dans un premier cas, ou est morte de mort naturelle dans l’autre, est omniprésente dans le film, avec un rapport métaphorique des personnages à la terre nourricière. Dans le deuxième film, Scary Mother, le rapport de la mère à ses enfants et notamment à sa fille est bien présente. Surtout quand le génie littéraire ou la folie, selon le point de vue, vient tout chambouler. Et il y a aussi un lien entre la principale protagoniste et sa propre mère qui s’est suicidée. Enfin, le film « Demain et tous les autres jours », présenté sur la Piazza Grande, a pour thématique principale les rapports passionnés et difficiles entre une mère et sa fille.

Voilà donc pour une première journée, et les festivaliers se dispersent, soi pour aller boire un verre dans un des nombreux bars, qui pour aller essayer de trouver le sommeil, dans la touffeur de la nuit…

www.pardo.ch
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