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mercredi, avril 17, 2024
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« Mid90s » : « Skate or die »

Morgana Zanetta
Morgana Zanetta
Ayant une grande passion pour le milieu culturel-artistique, de la bande dessinée au cinéma en passant par la musique, je voulais m’investir dans la diffusion de ce savoir. Je suis actuellement étudiante à l’Université de Lausanne en Master de cinéma et c’est depuis plusieurs années que le 7ème art enrichit mon quotidien, du visionnement de films à la participation aux événements culturels comme des festivals. Mais c’est surtout le champ de l’animation qui attire le plus mon attention, ses différentes techniques et les imaginaires merveilleux qu’elles arrivent à créer.

Un récit initiatique dans la Los Angeles des années 1990. Stevie, un adolescent de treize ans, est à la recherche d’une famille dans le milieu des skateboarders.


Mid90’s est une comédie dramatique qui a annoncé les débuts de Jonah Hill (The 40 Year Old Virgin) en tant qu’écrivain et réalisateur, lors du Festival du film de Toronto 2018.

Ce portrait d’un groupe d’amis qui partagent une passion pour le skateboard, est issu de la mémoire personnelle du réalisateur. Lors d’une interview, il a notamment dit qu’il aimait bien pratiquer ce sport pendant sa jeunesse bien qu’il n’était pas un champion, il confie aussi avoir un rapport très intime avec ce film « it’s my heart » dira-t-il. Le film décrit ce moment délicat qu’est l’adolescence en nous montrant tous ses aspects. Le personnage principal, Stevie, est un garçon de treize ans qui se sent mal à l’aise au sein de sa famille. Il vit avec une mère célibataire et un frère qui décharge son mal-être en le frappant. Il est à la recherche d’une autre famille que la sienne, souvent à l’adolescence, on se détache de plus en plus de sa propre famille, pour recréer ce cocon avec un groupe fait de ses propres amis. Un jour, il rentre dans un magasin de skateboard et il est fasciné par cet univers. Le milieu des skateboarders est décrit de manière très simple et efficace par le réalisateur qui y dépeint ses nuances les plus positives comme le sens de liberté jamais expérimentée auparavant, mais aussi ses teintes les plus sombres telles que la drogue ou l’alcool. L’initiation de Stevie à l’intérieur du groupe passe par l’acceptation suivie d’une série d’étapes, de l’introduction au groupe de la part du membre le plus petit, Ruben, à l’assignation d’un surnom « Sunburn », comme les autres membres « Fourth Grade » et « Fuckshit ». Il va même jusqu’à imiter comportements des autres; fumer, se droguer, boire de l’alcool, avoir des relations sexuelles, et adopte aussi leur mode de parler. Les membres de cette petite famille passent les journées ensemble et ils partagent des situations difficiles à la maison (de la mort d’un frère aux parents violents), donc s’amuser en skateboard semble être la seule solution pour s’évader et oublier leur condition.

Un autre point fort du film est la véracité avec laquelle Jonah Hill met en avant les relations, en effet dans la communauté des skateboarders le sens de l’union et de la fraternité sont très présents. Les plus petits voient dans les plus grands des idoles à respecter, des modèles auxquels ils aspirent. Dans le film on distingue cette admiration à travers Stevie au moment où il court remplir la bouteille d’eau de Ray, le meilleur du groupe, et ce juste pour gagner une seconde de son attention. L’amour et le sens d’entraide qui naît au sein de ce groupe composé d’ hommes de différentes générations, est très agréable à voir et correspond à leur réalité, on le ressent, entre autres, lors des scènes où Ray aide Stevie à surmonter ses problèmes.

Le jeu d’acteur de Sunny Suljic (Stevie) est super, il dégage un ingénuité propre à l’enfance, à travers ses petits sourires, mais il fait aussi preuve de persistance et de volonté en vue d’atteindre ce qu’il veut. On l’accompagne ainsi sur son chemin initiatique passant d’enfant à jeune homme. Il découvre un nouvel univers qui lui ouvre les yeux et lui montre de nouvelles perspective et lui apprend qu’il n’est pas destiné à subir la violence au quotidien il commence ainsi à s’imposer au sein de sa famille.

L’aspect visuel du film est aussi surprenant, l’utilisation du Super 16 qui produit une image granuleuse, donne au film un côté nostalgique et l’emploi d’un cadre restreint (4:3) donne au spectateur un sens de proximité avec les acteurs, ce qui rend le récit plus intime.

Une autre réussite du film est la musique, un mélange entre la composition acoustique élaborée par Trent Reznor et Atticus Ross qui, dominée par la présence du piano, est très mélodieuse et des hits des années 1990 parmi lesquels on retrouve Nirvana, Souls of Mischief, The Pixies,… qui nous plongent avec succès dans la période représentée.

Le seul éventuel point amer du film est que le réalisateur n’a pas aspiré à produire un chef d’œuvre. Au final, le film reste un portrait très intime et réaliste du milieu des skateboarders des années 1990, qui se marie à merveille avec la thématique de l’adolescence. Moment où on se détache de la cellule familiale pour se construire à travers nos amis et nos intérêts en dehors de la maison, lieu où naît une nouvelle famille avec laquelle on veut partager tous les moments.

Mid90s
USA   –   2018   –   85 Min.   –   Drama
Réalisateur: Jonah Hill
Acteur: Sunny Suljic, Katherine Waterston, Lucas Hedges, Na-kel Smith, Olan Prenatt, Gio Galicia, Ryder McLaughlin, Alexa Demie, Fig Camila Abner, Liana Perlich
Filmcoopi
24.04.2019 au cinéma

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