"Demi-Vie à Fukushima" : existence atomisée.

Quand un homme décide au péril de sa vie de continuer à vivre dans une zone contaminée, il affronte non seulement les radiations, mais aussi les autorités… et la solitude.

Le 11 mars 2011, un tremblement de terre d’une magnitude 9 engendre un terrible tsunami qui frappe de plein fouet le Japon. La région de Fukushima est dévastée et sa centrale nucléaire endommagée. Alors que la totalité de la population de la région est évacuée pour cause de radiations, un seul homme décide de rester afin de reconstruire la terre de ses ancêtres.

Présenté le 17 avril au festival International Visions du Réels de Nyon, « Demi-Vie à Fukushima » est un documentaire poignant qui, 30 ans après Tchernobyl et 5 années après le séisme japonais de 2011, nous plonge au cœur de la zone interdite de Fukushima-Daiichi. Cette ville fantôme, laissée à l’abandon et d’apparence inoffensive, est une véritable bombe à retardement où Naoto décide envers et contre tous de défier la radioactivité afin de maintenir en vie ce qu’il a de plus cher. Alors qu’il faut une demi-vie pour que la moitié des noyaux radioactifs soient désintégrés, rester dans la zone rouge n’est évidemment pas sans conséquences et au-delà d’être un obstacle pour les forces de l’ordre et le gouvernement, le dernier homme va devoir faire face au silence et à une solitude extrême, ce qui peut conduire même les meilleurs esprits à la folie. D’un point de vue technique, l’effet d’isolement est d’ailleurs renforcé et sublimé par le 16mm.

Mark Olexa et Francesca Scalisi livrent plus qu’un documentaire, une véritable remise en question où se mélangent images post-apocalyptiques troublantes, cocktail d’émotions et beaucoup de silences qui en disent long. Véritable immersion, « Demi-Vie à Fukushima » va pour sûr, laisser des traces dans les esprits, et apporte sa pierre au débat brûlant sur le nucléaire en Suisse.