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lundi, avril 29, 2024
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Anurag Kashyap : « Si je devais faire un film à Neuchâtel, je parlerais du vin et du sang »

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Dans le cadre de la 22ème édition du « Neuchâtel International Fantastic Film Festival » et avec notre partenaire « Baka News Network », nous eûmes le plaisir de rencontrer le réalisateur susmentionné qui nous parla de sa nouvelle fiction « Kennedy » et comment il perçut Mumbai vide.


Quelle est l’histoire de votre nouveau film ? « Kennedy » parle de la rédemption d’un policier qui censé être mort, à une époque de pandémie où la police ne recevait plus du tout de pots-de-vin. Car plusieurs entreprises qui les leur donnaient, fermèrent à cause de la Covid et la police fut encore plus agressive et mafieuse. « Kennedy » devint un bourreau engagé par les flics corrompus.

Pourquoi le personnage principal choisit-il « Kennedy » comme nom ? C’est aussi un nom indien. Il y a beaucoup de chrétiens en Inde et plus spécifiquement dans le Sud de l’Inde. « Kennedy » est donc un nom très répandu. Par contre, il n’a aucun lien avec l’ancien Président des Etats-Unis, JFK.

Quelle fut la séquence la plus facile à filmer ? Certainement celle où l’excellent acteur Raoul Bart est seul chez lui. Ses séquences dans sa maison (un décor pour le tournage) furent très faciles et rapides à filmer. Le plus difficile fut la poursuite dans les rues de Mumbai. Parce que tourner dans une si grande ville hors période de pandémie, avec plus d’1,4 milliard d’habitants en Inde, n’est pas simple du tout. À tout moment, ce nombre de personnes peut se retrouver véritablement dans la rue. Nous avons tourné uniquement pendant certains week-ends et seulement entre minuit et 5h00 du matin.

« Kennedy », est divisé en plusieurs chapitres. Pourquoi ? Ce ne sont pas des chapitres, mais une division par rapport aux nombres de jours. Le film se déroule sur 6 jours. L’histoire se développe, s’élargit à peu près chaque jour. Je voulais aussi un film où le personnage central s’effondre totalement, tout en me basant sur un fait réel passé, une voiture avec une vraie bombe dans un parking. La police voulait en effet, faire chanter un milliardaire. L’affaire a fait grand bruit dans la presse indienne, est toujours en procédure et a créé l’effondrement de notre Gouvernement. Des policiers ont été arrêtés et sont toujours en prison. J’ai repris cet incident et ai construit le film autour de cela. Mais dans le cas initial, la bombe n’a pas explosé. Je me disais : « Et si la bombe était défectueuse ou aurait eu un détecteur sensible qui l’aurait déclenchée ? ».

De grosses productions Bollywood avec pour thème la police sortent souvent au cinéma, comme « Sooryavanshi » ou « Dabangg ». Avec « Kennedy », la police est aussi importante. Mais il s’agit de 2 mondes différents. Lequel est le plus important pour vous et pourquoi ? Pour en revenir à votre question, la police a toujours été considérée comme héroïque dans les films grand public. Elle est d’ailleurs, représentée assez justement suite à film intitulé « Ardh Satya », réalisé par Govind Nihalani. J’appartiens à cette école. Celle où, j’ai traité la police différemment à chaque fois. Dans « Black Friday », « Gangs of Wasseypur », « Ugly », « Psycho Raman » et maintenant avec « Kennedy ». Tout le monde a une façon de voir les choses. Je les considère davantage comme des êtres humains en uniforme qui sont aussi faillibles. Probablement plus que d’autres personnes, parce qu’ils ont un pouvoir avec leurs uniformes. Mais au fond de l’uniforme, il y a des êtres humains qui ont aussi aux armes. Cela peut donc mal tourner.

Vous êtes l’un des rares à expliquer la situation en Inde pendant la Covid. Qu’avez-vous pensé de Mumbai vide ? En réalité, Mumbai est une ville vraiment bondée. Mais la voir vide, est assez troublant et très intimidant. Parce qu’au moment où le public l’a vue ainsi, il a eu l’impression que ce n’est pas Mumbai. Cela ne donne pas l’impression que c’est Mumbai. Même si tout le film y est tourné, même la course-poursuite où personne ne tire (de coups de feu) parce qu’il y a beaucoup d’habitants. C’est pourquoi, elle fut si difficile à tourner. Nous avions de courts moments pour cette séquence. Alors oui, c’était intimidant car Mumbai est une ville énergique à la base, très vivante. Mais, on se sentait comme dans une ville morte à ce moment-là.

« Netflix » est très présent en Inde et une partie de votre filmographie est proposée. Que pensez-vous du support et cette plateforme tue-t-elle l’industrie du cinéma ? Tout le monde regarde des films avec ce genre de services. « Netflix » a toujours une audience plus faible en Inde, que les 6 autres plateformes qui sont « Amazon Prime », « Hotstar (« Disney+ ») », « GEO.tv », « Zee5 » et « Sony Liv ». Mais, « Netflix » et « Amazon Prime » fonctionnent pour moi, grâce à leur distribution internationale. J’ai aussi un large public en dehors de l’Inde. Mais oui, l’habitude de visionnage a changé, ce qui a tué les cinémas. Les cinémas meurent, même s’ils ne s’éteindront jamais totalement. Mais je ne sais pas ce que les gens vont faire. En comparaison, les livres revivent. Nous pensions qu’avec « Kindle » (liseuse d’ « Amazon Prime »), les gens n’achèteraient plus de livres. Mais, les gens en lisent de nouveau, tout comme les comics. Si vous veniez à Neuchâtel pour un tournage, qu’imaginez-vous ? J’aime les gens, leur amour pour le cinéma. Si je devais faire un film ici, ce serait sur un meurtre mystérieux situé dans les vignobles et sur la recherche du vin parfait. Un homme ira jusqu’au bout de cette perfection et l’exportera. Mais, pour le rendre bon marché, il le mélangera avec du sang…

[La critique du film est disponible ici]

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