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jeudi, avril 18, 2024
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« L’Empereur de Paris » : le retour sur grand écran d’un célèbre roublard français

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

En 2001 sortait au cinéma « Vidocq » avec en tête d’affiche Gérard Depardieu. Si à l’époque, le réalisateur Pitof avait mieux cerné la carrure du véritable Vidocq, le film n’eut guère le succès escompté. Mais cette nouvelle version pourrait changer la donne…


Le passé nous rattrape toujours… François Vidocq le sait depuis bien longtemps déjà. Car après sa dernière évasion spectaculaire, il tente le plus possible de se faire oublier en devenant un marchand lambda. Malheureusement, il se fait reconnaître, mais audacieux comme il l’a toujours été, il tenta de marchander sa liberté en échange d’une collaboration étroite avec la police afin d’enfermer les voyous et bandits des grands chemins. Fourbe, traître, voleur et peu scrupuleux, sa réputation et ses méfaits provoquèrent la rage de la pègre, tandis que la police peine à lui faire confiance et le surveille fréquemment…

Eugène-François Vidocq, né à Arras en 1775 à quelque mille de Lille, était le fils d’un boulanger promis à une vie atypique. Vivant de larcins en larcins, d’abord pour aider sa famille puis pour lui-même afin de (sur) vivre, il se fit arrêter et emprisonner à différentes reprises, entre autres à Lille. Se spécialisant dans l’évasion en sus des vols, ses expériences lui permirent d’acquérir un savoir-faire rarement égalé. En 1809, désespéré par ses diverses actions entreprises, il décida d’offrir ses connaissances et sa pratique auprès du Service de la sureté. Sa seule condition fut qu’une seule et unique maison de force lui serait désignée. Rusé, doué dans les camouflages vestimentaires et parfois même perfide au sein de ses investigations, Eugène-François décrivit ses activités au travers de ses Mémoires. Malgré ses succès, il vaqua à d’autres occupations avant de mourir en 1857 dans une extrême pauvreté. Intelligent, audacieux et culotté, son savoir permit à la police Parisienne d’emprisonner de nombreux gredins et d’apaiser un peu les rues de la capitale.

Si Vidocq a vraiment existé, les différentes versions télévisées, puis cinématographiques en 2001 et 2018, n’ont jamais été réellement proche d’un biopic. Dans le sens où l’homme, aux yeux du cinéma français, devient forcément un héros alors qu’en réalité, il faisait de son mieux pour (sur) vivre. Néanmoins, l’approche de Jean-Pierre Richet (« Blood Father« ) est beaucoup plus réaliste que la version fantastique de Pitof (« Catwoman« ).

Réel au niveau des atmosphères déjà, davantage assombries par les décors extérieurs et les quelques effets numériques réussis. Mais également grâce aux tenues vestimentaires des comédiens-iennes et des différences sociales exprimées par rapport à la trame. Ces mélanges, associés à la performance de Vincent Cassel (Jason Bourne), rendent « L’Empereur de Paris » encore plus ténébreux. L’acteur principal a beau être habitué à des rôles du genre et à l’interpréter parfaitement bien, le reste de la distribution demeure aussi remarquable. Qu’il s’agisse de Denis Ménochet (Marie Madeleine), de Denis Lavant (3 jours à Quiberon) ou encore de Freya Mavor (Cézanne et moi) avec leur protagoniste respectif renfrogné, malsain et aventureux. Seul regret constaté, le personnage d’Olga Kurylenko (Dans la brume) reste un peu trop effacé alors qu’elle aurait mérité une présence autant intense que sa collègue.

Dans un tout autre sujet et plus, relatif au respect historique, le scénario « L’Empereur de Paris » a pris plus de libertés que le long-métrage du début des années 2000. Notamment au niveau de la carrure de Gérard Depardieu (Tour de France) qui ressemblait davantage au véritable Vidocq. Ainsi et en vérité, Vidocq ne constitua pas réellement d’équipe proche de lui afin de l’aider à mener ses enquêtes. Quant à sa fameuse rencontre historique, relatée également dans la réalisation de Jean-François Richet, elle semble être très (et trop) « personnalisée » pour s’avérer véridique…

Malgré tout, « L’Empereur de Paris » est une œuvre cinématographique idéale afin de s’immerger dans cette version de Paris souvent négligée. Bien que s’adressant à un public adulte, la fiction demeure trop complexe et violente pour les enfants, elle permettra de passer un bon moment et d’être facilement captivé par les décors, les costumes et autres reconstitutions minutieusement reproduits. Un homme, une histoire, un film et surtout, une bonne reproduction.

L’Empereur de Paris
FR   –   2018   –   Thriller
Réalisateur: Jean-François Richet
Acteur: Vincent Cassel, Olga Kurylenko, Freya Mavor, August Diehl, Fabrice Luchini, James Thierrée
Ascot Elite
19.12.2018 au cinéma

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