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jeudi, avril 18, 2024
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Rafiki : un amour kényan tristement impossible

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Si l’homosexualité se tolère toujours plus en Occident, beaucoup d’autres populations sont clairement fermées à ce sujet, tant pour les hommes que les femmes. À ce sujet, certains pays condamnent ferment ces choix à cause de leur politique, croyances et religions.


À Nairobi, la capitale du Kenya, 2 pères de famille différentes s’affrontent pour de nouvelles élections. L’une est riche, l’autre plus modeste. L’un des patriarches gère un commerce tandis que le second vit dans l’abondance grâce à ses affaires commerciales. Tous les 2 ont une fille qui ne se fréquentent pas du tout. Pourtant, Kena et Ziki vont être amenées à se croiser à de multiples reprises et de là, naîtra une attirance qu’elles ressentiront respectivement. Mais dans une ville très conservatrice, où la religion est omniprésente, de telles liaisons sont extrêmement mal vues. Les 2 jeunes femmes devront donc choisir entre leur amour et leur sécurité.

« Les bonnes filles kényanes deviennent de bonnes épouses kényanes »… Telle est l’une des expressions utilisées dans ce pays tant la culture du mariage est ancrée. Mais ce n’est pas cette locution qui marqua la réalisatrice Wanuri Kahiu dans son inspiration pour créer « Rafiki« . Tout commença durant sa jeunesse au moment où elle regarda un film Africain dans lequel des hommes s’embrassaient. Plusieurs années passèrent et la thématique lui resta toujours en tête. Jusqu’au jour où elle lut la nouvelle de l’Ougandaise Monica Arac de Nyeko, « Jambula Tree » et qu’elle se sentie à nouveau interpellée par le contenu dudit ouvrage.

Inspirée par ce dernier, la cinéaste décida de transposer « Jambula Tree » en un long-métrage avec l’aide d’une co-scénariste, Jena Cato Bass. Si le titre de la fiction devait normalement avoir le même nom que la nouvelle, il fut finalement décidé de l’appeler « Rafiki« . Dans le langage swahili, une des langues du Kenya, ce terme signifie ami-e lorsque 2 personnes amoureuses sont du même sexe. Mais dont il est impossible de nommer l’autre personne. Ainsi, mon amour, mon mari ou ma femme est prohibé pour de telles situations.

Au niveau de la distribution des rôles, les choix ont été assez rapidement déterminés, même si le projet mis du temps à se concrétiser. Commencé presque 10 ans auparavant, il fut rapidement clair pour Wanuri Kahiu que la jeune Samantha Mugatsia incarnerait « Kena« . Elles se sont rencontrées lors d’une soirée privée et l’alchimie entre elles se ressentit assez vite. Par la suite, arriva Sheila Munyiva, donc « Ziki« , qui assuma d’emblée la folle douceur de son personnage. Même si les 2 comédiennes débutent au cinéma, comme la plupart des membres du casting, leur professionnalisme et envie de transmettre un message positif se perçoit dès les premières images.

Afin de créer une atmosphère basée sur la sécurité et la confiance, plusieurs autorisations furent demandées et accordées par le gouvernement Kényan pour que le tournage s’effectue dans les meilleures conditions possibles. L’équipe choisit un quartier animé et moderne de Nairobi étant en plein essor. Un secteur où des églises ont été construites aux côtés de centres commerciaux. Les décors ajoutés mélangent le luxe et le milieu modeste avec parcimonie. Cette zone est l’antagonisme parfait des espaces tranquilles et représente également une très belle évolution de Nairobi et du Kenya.

Dégageant clairement une remise en question sur les droits humains et les relations homosexuelles, « Rafiki » plaira certainement à un large public pour son audace réussie. Il est à espérer que l’œuvre cinématographique permette le développement du mouvement LGBTI (c’est-à-dire, Lesbien, Gay, Bisexuel, Transgenre et Intersexe) tant en Afrique qu’au sein de bien d’autres pays.

Nominée à Cannes en 2018 pour différentes distinctions, la fiction n’est pas la plus captivante, mais elle exprime une évolution souhaitée par ladite communauté en Afrique et ne laissera aucun-e spectateur-trice insensible. L’émancipation, l’extraversion et l’affranchissement de soi sont de belles et importantes valeurs mettant en avant l’histoire de « Rafiki » et de ce fait, il mérite largement d’attiser la curiosité et de trouver son public.

Rafiki
KEN, ZAF, DE, NLD, FR, NOR   –   2018   –   83 Min.   –   Drama
Réalisateur: Wanuri Kahiu
Acteur: Patricia Amira, Muthoni Gathecha, Jimmy Gathu, Nice Githinji, Charlie Karumi, Patricia Kihoro, Neville Misati, Samantha Mugatsia, Sheila Munyiva, Dennis Musyoka
Trigon Film
17.10.2018 au cinéma

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