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mercredi, avril 24, 2024
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« J’irai où tu iras »: les deux sœurs du cinéma français tutoient l’univers de Céline

Lauren von Beust
Lauren von Beust
Amoureux du film «American Gigolo», ses parents la prénomme en hommage à l'actrice américaine Lauren Hutton. Ainsi marquée dans le berceau, comment aurait-elle pu, en grandissant, rester indifférente au 7ème art ? S'enivrant des classiques comme des films d'auteur, cette inconditionnelle de Meryl Streep a prolongé sa culture en menant des études universitaires en théories et histoire du cinéma. Omniprésent dans sa vie, c'est encore et toujours le cinéma qui l'a guidée vers le journalisme, dont elle a fait son métier. Celle qui se rend dans les salles pour s'évader et prolonger ses rêves, ne passe pas un jour sans glisser une réplique de film dans les conversations. Une preuve indélébile de sa passion. Et à tous ceux qui n'épellent pas son prénom correctement ou qui le prononcent au masculin, la Vaudoise leur répond fièrement, non sans une pointe de revanche : «L-A-U-R-E-N, comme Lauren Bacall !». Ça fait classe !

Neuf ans après « Tout ce qui brille », la petite soeur d’Olivier Nakache revient devant et derrière la caméra pour une troisième réalisation, accompagnée de son acolyte de toujours, Leïla Bekhti.


« Che ne vous oublie paaaaas Nooooon, chamais ! Vous êtes aux creuuuux de moi…! » Tout le monde se souvient de cette inimitable imitation de Céline Dion, en plein quartier de Puteaux, neuf ans auparavant. Et bien Géraldine Nakache assume parfaitement le culte qu’elle voue à la star internationale, allant même jusqu’à lui piquer le titre d’une de ses chansons pour nommer sa troisième réalisation. Un culte poussé au maximum puisque la petite sœur d’Olivier Nakache (« Intouchables ») endosse le rôle de Vali, qui en marge de pousser la chansonnette pour animer les mariages, rêve de devenir la choriste francophone de la superstar.


Plus que sa partenaire de toujours, Géraldine Nakache retrouve sa véritable sœur de cinéma, Leïla Behkti, qu’elle avait révélé neuf ans plus tôt dans « Tout ce qui brille ». Les deux jeunes femmes y interprétaient deux meilleures amies issues de la banlieue parisienne, qui rêvaient des soirées branchées dans la capitale. Celles que l’on prenait déjà pour des frangines à l’époque le deviennent finalement à l’écran, en incarnant respectivement Vali (Nakache) et Mina (Behkti). Deux sœurs que tout sépare. Chanteuse, rêveuse et émotive, Vali s’accroche à son rêve de toujours, tandis que Mina, aide-soignante auprès des personnes âgées, est davantage rationnelle et renfermée. Forcées à se rassembler le temps d’un week-end – Vali devant se rendre à une audition à Paris et Mina devant l’y emmener – les deux jeunes femmes vont devoir réapprendre à s’aimer. Elles puiseront une force au-delà de leurs différences.

Comme dans chacun des films qu’elle a dirigés, Géraldine Nakache aime travailler les relations humaines et familiales, liens dont elle ne cache pas la complexité, et qui constituent la base de ses récits. Également auteure du scénario, elle nous prend par la main, ne serait-ce que pour être sûre que le message du film soit bien compris. Peut-être s’inspire-t-elle de son propre vécu… Comme dans « Tout ce qui brille », le rapport père-fille est central. Patrick Timsit est d’ailleurs extrêmement touchant en Papa poule ultra protecteur pour ses deux filles, qu’il chérit comme la prunelle de ses yeux.

Géraldine Nakache présente en effet toujours des personnages avec une histoire. Un passé parfois lourd que les protagonistes tirent derrière eux. Une plongée dans la psychologie de ses personnages. Elle les met à nu, face à leur histoire, aussi dramatique, soit-elle. Comme dans « Nous York », il est à nouveau question de la vie, de la mort, de la vieillesse, de la maladie et de l’abandon. Tout un tas de thèmes que Géraldine Nakache se plaît à explorer. Alors que le récit s’articule autour des attentes et de la jeunesse, les aînés, qui apparaissent comme une richesse à préserver, rappellent que l’humanité est essentielle. Moins léger que « Tout ce qui brille », « J’irai où tu iras » se situe dans la lignée de « Nous York », quoi que ce nouveau film soit davantage réussi.

Et puis on retrouve cette même tension entre vie réelle au quotidien (Mina) et vie rêvée (Vali), déjà explorée auparavant. Quand on parle de « tout ce qui brille », le qualificatif veut bien dire ce qu’il veut dire. Car il arrive souvent que le cocon familial ne soit plus assez bien aux yeux du monde extérieur. Qu’il soit trop décalé face à une société toujours plus exigeante. « Je ne comprends pas comment on peut aimer vivre dans l’ombre d’une célébrité en faisant le même métier qu’elle », lance froidement Mina à Vali, alors que cette dernière s’apprête à auditionner pour réaliser son plus grand rêve. Bien que leurs racines soient les mêmes, les deux soeurs évoluent chacune dans leur univers, s’évadant à leur manière de ce traumatisme vécu pendant l’enfance.

Que les fans en soient rassurés, l’humour de Nakache est toujours aussi familier. Il apparaît presque naturel. Un humour dans lequel il est facile de se retrouver. La fin de ce long-métrage paraîtra peut-être un peu abrupte pour ceux qui auraient aimé un petit clin d’œil, comme une imitation de Céline, par exemple…

J’irai où tu iras
FR   –   2019   –   Comedy
Réalisateur: Géraldine Nakache
Avec Géraldine Nakache, Leïla Bekhti, Patrick Timsit…
Frenetic
02.10.2019 au cinéma

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