Impactés par des proches souffrant d’alcoolisme, Elsa Bennett et Hippolyte Dard décidèrent de traiter ce sujet au travers d’un film tragi-comique soigné et réussi. Sauf que leur réalisation aborde l’aspect des femmes en consommant. Une excellente idée qui remet bien en question la situation.
Même si elle essaie de faire bonne figure auprès de ses enfants et son travail, Suzanne perdra en moins de temps qu’elle ne réalisera, la garde de ces derniers par suite d’un accident de voiture. S’ensuivit la décision judiciaire, à savoir aller se soigner au sein d’un centre d’alcooliques. Sur place et tout juste après son arrivée, elle fera notamment la connaissance de Diane, Alice et Denis. Si les 2 premières sont aussi là afin de se détoxifier et ont un fort caractère diamétralement opposé, Denis travaille depuis longtemps en ces lieux et soutient ces femmes qui se sentent au plus mal. Son objectif cette année en qualité d’éducateur sportif, leur faire connaître différents moteurs et les entraîner suffisamment pour… Un rallye dans le désert marocain. Un défi semblant impossible pour les ivrognesses devant réapprendre à se détacher totalement de leur addiction et surtout… à revivre.
La 1re scène de « Des jours meilleurs » crée déjà quelques surprises. En effet, les spectateurs-trices découvriront directement la comédienne Valérie Bonneton dans un rôle et une approche diamétralement opposée à ses précédents rôles.
Si sa situation empira rapidement peu après au sein de cette fiction, son arrivée obligatoire au centre de désintoxication ne se fera pas non plus au calme. Car dès son apparition à la réception, « Suzanne » rencontrera la survoltée et trop dynamique « Alice ».
Bien sûr et comme toutes leurs voisines de chambres, celle-ci a également ses maux et ses problèmes qu’elle gère et ressent à sa manière. Curieusement et malgré leur caractère contraire, une certaine entente s’installera entre elles.
Le duo se transformera en quatuor qui sera animé par plusieurs décisions et émotions contradictoires fort bien interprétées par Valérie Bonneton (« La Ch’tite famille »), la solitaire « Suzanne », Sabrina Ouazani (« Demi-sœur ») alias « Alice » la survoltée, Michèle Laroque (« Karaoké ») jouant la starlette « Diane » et Sophia Leboutte incarnant la tristement habituée des lieux, « Chantal ».
C’est d’ailleurs à cette dernière et à la plupart des femmes présentes durant le tournage de cette comédie tragi-comique, que le vrai mérite revient. En effet, la majorité des seconds rôles ont été interprété par celles ayant véritablement effectué des cures de désintoxication. D’autre part, aucune d’entre elles n’eut de formation dans le 7e Art avant cette réalisation.
De plus et en parallèle du cadre généralement strict des productions cinématographiques, plusieurs improvisations purent se faire. Principalement les séquences où les actrices sont face à la caméra et à la réalisatrice. Car d’instinct et avec le temps, une confiance tacite s’installa et elles se permirent une mince frontière entre leur vrai vécu et la fiction.
La qualité du film revient également au travail de Laurence Cottet, une ancienne alcoolique qui est devenue experte-conseillère par rapport à cette addictologie. En effet, « Des jours meilleurs » n’aurait pu se concrétiser sans son aide et sa guidance.
Car au travers de ses ouvrages littéraires, de ses expériences et ressentis, des conférences et entrevues qu’elle donne pour aider les femmes à arrêter cette accoutumance nocive, ses retours furent vraiment nécessaires afin de respecter au mieux la réalité et la fiction.
En sus de la distribution, de nombreux autres éléments et situations valorisent le récit de « Des jours meilleurs ». Dont les décors, puisqu’une grande partie du tournage eut réellement lieu au sein d’un centre de sevrage. Mais aussi les scènes dans les dunes, au travers du rallye et des femmes pilotes existant véritablement.
Finalement, « Des jours meilleurs » s’adresse à un large public curieux de découvrir de quelle manière la gent féminine addicte à l’alcool peut arriver à freiner ou arrêter cette drogue légale. Authentique, drôle, touchante, humaine et interpellante, cette réalisation est aussi une ode à la vie, aux combats à mener et au dépassement de soi.
Des jours meilleurs
FRA – BEL – 2025
Durée: 1h44 min
Drame, Comédie
Réalisatrice-teur: Elsa Bennett, Hippolyte Dard
Avec: Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani, Clovis Cornillac, Sophie Leboutte, Laurence Cottet, Manuel Ginion
Pathé Films Switzerland
23.04.2025 au cinéma